Twitter licencie son directeur juridique, suspecté d'avoir supprimé des «informations importantes»
Dans le cadre des révélations des «Twitter files» («dossiers Twitter»), Elon Musk a annoncé le départ de Jim Baker, qui aurait cherché à ralentir la publication d'éléments sensibles concernant l'affaire Hunter Biden, le fils du président américain.
Les «Twitter files» prennent d'ores et déjà la tournure d'un feuilleton. Après la publication par le journaliste américain Matt Taibbi d'un premier épisode consacré à des échanges internes à l'entreprise au sujet de la censure de l'article du New York Post consacré au fils de Joseph Robinette Biden, Elon Musk a annoncé le départ du directeur juridique du réseau social le 6 décembre, «à la lumière des inquiétudes concernant le possible rôle de [Jim] Baker dans la suppression d'informations importantes pour le débat public».
In light of concerns about Baker’s possible role in suppression of information important to the public dialogue, he was exited from Twitter today
— Elon Musk (@elonmusk) December 6, 2022
Interrogé par un utilisateur du réseau sur les conditions de ce départ, le patron de Twitter a expliqué que Jim Baker avait pu présenter sa version des faits, mais que ses explications n'avaient pas été «convaincantes».
Yes. His explanation was …unconvincing.
— Elon Musk (@elonmusk) December 6, 2022
Peu après cette annonce, Matt Taibbi a apporté des éléments de clarification dans une nouvelle série de publications, présentée comme un «supplément» au dossier. Le journaliste y explique que lui et sa collègue Bari Weiss, en contact avec un avocat de l'entreprise pour recevoir les éléments du dossier, ont découvert que Jim Baker avait procédé à un examen minutieux du premier lot des éléments demandés, ce «à l'insu de la nouvelle direction».
Cette intervention les aurait empêchés de publier la suite des informations pendant le week-end des 3 et 4 décembre, comme ils l'avaient initialement promis. «La nouvelle [...] a surpris toutes les personnes concernées, c'est le moins que l'on puisse dire», a indiqué Matt Taibbi, d'où la décision d'Elon Musk de «sortir» Jim Baker le 6 décembre. Suite à ce départ, les deux journalistes ont repris leur travail, précise-t-il, en annonçant la publication prochaine d'un nouveau volet de révélations.
THREAD: Twitter Files Supplemental
— Matt Taibbi (@mtaibbi) December 6, 2022
Qualifié de «figure controversée» par Matt Taibbi, Jim Baker a été l'avocat général du FBI entre 2016 et 2017, période pendant laquelle il occupait la fonction de conseiller du directeur de l'époque, James Comey. Une période qui a été marquée par le lancement d'enquêtes controversées, en particulier celle consacrée à l'ingérence russe présumée dans l'élection présidentielle de 2016.
Présidentielle américaine de 2020 : un épisode inédit de censure qui revient dans l'actualité
L'article du New York Post sur l'affaire Hunter Biden, publié peu avant l'élection présidentielle américaine de 2020, avait fait l'objet de mesures extraordinaires de la plateforme pour en limiter la diffusion, celle-ci affichant des avertissements indiquant que les révélations pouvaient être «dangereuses» et allant jusqu'à bloquer son partage par messages privés, une mesure jusqu'alors réservée aux cas extrêmes, comme la pédopornographie. Les documents internes à Twitter, dont une partie vient d'être rendue public sous la forme d'échanges d'e-mails entre employés et avec des responsables politiques, lèvent le voile sur le processus qui a mené à cette décision controversée, prise dans l'urgence par des cadres et notamment l'ex-responsable juridique Vijaya Gadde, sans même que le patron de l'époque Jack Dorsey n'en soit informé.
Les républicains dénoncent une «collusion» entre les dirigeants de Twitter de cette période et le camp démocrate. «Nous apprenons en temps réel comment Twitter a collaboré pour faire taire la vérité sur l'ordinateur portable d'Hunter Biden, quelques jours avant l'élection présidentielle de 2020», a insisté le leader républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy, laissant entendre que son camp demanderait l'ouverture d'une enquête dès l'entrée en fonction de leurs nouveaux élus, en janvier prochain.
Le camp républicain suspecte le président en exercice d'avoir aidé à mettre un coup d'arrêt à une enquête pour corruption impliquant son fils en Ukraine. Plus précisément Joseph Biden, l'ancien vice-président (2009-2017) de Barack Obama est accusé d'avoir conditionné une aide financière à l'Ukraine au renvoi du procureur Viktor Chokine, qui enquêtait sur le groupe gazier ukrainien Burisma, comptant dans son conseil de surveillance son fils Hunter Biden.