«Label rouge» : discriminé par Twitter, le média Ruptures s'insurge contre l'opacité du réseau

«Label rouge» : discriminé par Twitter, le média Ruptures s'insurge contre l'opacité du réseau© Olivier DOULIERY Source: AFP
Sur cette illustration photo, un logo Twitter est affiché sur un téléphone mobile le 27 mai 2020 à Arlington, en Virginie (image d'illustraton).
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Affublé de l'étiquette «média affilié à un Etat, Russie» sur Twitter depuis septembre 2020, le mensuel français Ruptures, pourtant financé par les dons de ses lecteurs, s'insurge contre les dérives arbitraires et opaques du réseau social.

Etiqueté par Twitter comme «média affilié à un Etat, Russie» depuis le 7 septembre, le média français «progressiste et eurocritique» Ruptures, financé par les dons de ses lecteurs, a publié ce 21 décembre un nouvel article revenant sur l'imbroglio avec le réseau social… toujours d'actualité.

Il aura fallu attendre plus de trois mois pour que Twitter réponde finalement aux nombreux courriers envoyés par Ruptures afin de comprendre puis de faire annuler cette labellisation soudaine. Soulignant avoir «bien pris connaissance du courrier» dans sa réponse, le réseau social de microblogging entame ensuite «une inversion flagrante de la charge de la preuve», selon le rédacteur en chef du mensuel, Pierre Levy. 

«Non seulement Twitter ne communique toujours aucun élément concret pour justifier son action (et pour cause !), mais l'oiseau bleu nous demande en fait de démontrer par nous-mêmes que nous ne sommes pas de mèche avec l'Etat russe. Il oublie de nous indiquer à quel endroit on peut se faire délivrer un certificat de non-affiliation à Moscou», a co-écrit l'équipe de Ruptures dans un papier intitulé «Twitter répond enfin à "Ruptures"».

La censure politique et la limitation de la liberté d'expression sont en train d'être largement sous-traitées par les autorités à des géants privés du numérique, tous états-uniens

Et d'ajouter : «Que faire désormais face à cet arbitraire, cette opacité ? Nous allons bien sûr répondre à Twitter que c'est à l'accusateur de prouver ses dires. Mais il nous semble surtout urgent de mobiliser contre le néo-maccarthysme en ligne. La censure politique et la limitation de la liberté d'expression sont en train d'être largement sous-traitées par les autorités à des géants privés du numérique, tous états-uniens (Google/YouTube, Facebook, Twitter). La situation se dégrade rapidement.»

L'indésirable label rouge

Contacté par RT France, Pierre Levy est revenu sur le chemin de croix débuté avec Twitter au mois de septembre. Le rédacteur en chef de Ruptures a expliqué ne toujours pas connaître les éléments en possession du réseau social qui lui auraient permis de gratifier le site d'information d'un «label erroné».

«De notre côté, nous sommes étonnés et exaspérés. Une des conséquences involontaires de tout ça est que ça nous a donné quelques abonnements. Des gens nous ont découvert grâce à ça, paradoxalement», a-t-il notamment déclaré, préférant ainsi voir le bon côté des choses.

C'est la volonté de Twitter mais aussi de Facebook, de s'immiscer et d'influer de manière opaque et insidieuse – on ne connaît pas les algorithmes – dans le débat public

«Cela rentre dans un contexte où Twitter est de plus en plus amené à prendre des positions et à être partie prenante dans le contenu des réseaux sociaux. Pour des raisons politiques qui lui sont propres et du fait de la pression des Etats dans la "chasse" à la fake news ou à la haine en ligne, Twitter est de plus en plus dans l'état d'esprit de modifier les algorithmes pour favoriser certains et en défavoriser d'autres», a-t-il également fait part.

Avant de conclure : «C'est la volonté de Twitter mais aussi de Facebook, de s'immiscer et d'influer de manière opaque et insidieuse – on ne connaît pas les algorithmes – dans le débat public. Or, si des choses tombent sous le coup de la loi, ça devrait être à la puissance publique d'en décider, en l'occurrence à un juge. Et non pas que cette censure qui ne dit pas son nom soit sous-traitée de manière cachée à des entreprises, des géants privés.»

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