«On s'était habitué à être une société d'individus libres» : la phrase de Macron qui ne passe pas
Le président de la République a annoncé lors d'un entretien télévisé un couvre-feu de 21h à 6h pour lutter contre l'épidémie de Covid. Mais une phrase de son intervention a particulièrement retenu l'attention... et suscité l'inquiétude.
«On s'était habitué à être une société d'individus libres. Mais nous sommes une nation de citoyens solidaires. Nous avons besoin les uns des autres.» C'est par ces mots que le chef de l'Etat a tenté de défendre les nouvelles mesures destinées à lutter contre la propagation du virus Covid-19. Si celles-ci, comme l'instauration d'un couvre-feu entre 21h et 6h, divisent la classe politique et les Français, cette déclaration n'a pas manqué d'en interpeller certains, qui ont exprimé leur étonnement, voire leur inquiétude, sur les réseaux sociaux.
Ferghane Azihari, directeur de l'Académie libre des sciences humaines et militant libéral, a parmi les premiers exprimé sa perplexité sur Twitter et évoque ainsi «des propos injustifiables. Surtout dans l'une des démocraties les moins libérales d'Europe.»
Le chef de l'État, garant de l'intégrité des institutions, déplore que nous nous soyons habitués "à être une société d'individus libres". Des propos injustifiables. Surtout dans l'une des démocraties les moins libérales d'Europe. https://t.co/PsTi9CWW02
— Ferghane Azihari 🌐 (@FerghaneA) October 14, 2020
Olivier Sibony, professeur à l'école HEC, a formulé dans un tweet son inquiétude face à une telle déclaration : «Je n'aurais jamais cru entendre un Président de la République nous expliquer qu'être "une nation d'individus libres", c'est un problème... Les intentions ont beau être bonnes, les mots font froid dans le dos.»
Je n'aurais jamais cru entendre un PR nous expliquer qu'être "une nation d'individus libres", c'est un problème...
— Olivier Sibony (@SibOliv) October 14, 2020
Les intentions ont beau être bonnes, les mots font froid dans le dos. https://t.co/4utaNE4PFo
Christian Delporte, historien et spécialiste des médias, semble voir une dérive du pouvoir exécutif qui va à l'encontre des pouvoirs du Parlement : «Jamais le Parlement n’a été autant méprisé. Le "Père de la Nation" décide, décrète, sanctionne sans le moindre recours aux représentants du peuple.»
Jamais le Parlement n’a été autant méprisé. Le « Père de la Nation » décide, décrète, sanctionne sans le moindre recours aux représentants du peuple. Inquiétante dérive.
— Christian Delporte (@chdelporte) October 14, 2020
Le journaliste Thomas Vampouille exprime lui aussi, dans un tweet, un sentiment d'étonnement face à la déclaration présidentielle : «Vraiment, qui aurait cru entendre cette phrase un jour de la bouche d’un président français, particulièrement de celle de Macron ?»
« On s’était progressivement habitués à être une société d’individus libres ».
— Thomas Vampouille (@tomvampouille) October 14, 2020
Vraiment, qui aurait cru entendre cette phrase un jour de la bouche d’un président français, particulièrement de celle de Macron ? #CouvreFeuhttps://t.co/MGPRGRaqjf
Maxime Sbaihi, économiste et directeur général du think tank Génération libre, promoteur du libéralisme, perçoit dans cette déclaration d'Emmanuel Macron «la mort de la "société d'individus libres."»
#Macron termine en prononçant la mort de la "société d'individus libres". Rien que ça. Au moins c'est clair.
— Maxime Sbaihi (@MxSba) October 14, 2020
Diverses références au livre 1984 de l'écrivain anglais George Orwell sont aussi beaucoup utilisées pour dénoncer cette déclaration, ainsi que le couvre-feu décidé par Emmanuel Macron. Cet auteur est d'ailleurs beaucoup cité depuis le début de la crise sanitaire, certains percevant dans son œuvre des prémonitions sur notre époque et l'évoquent afin de dénoncer ce qu'ils considèrent comme une atteinte aux libertés fondamentales. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a notamment fait référence à une citation attribuée par erreur à l'auteur, dans un de ses tweets : «En dehors du travail, tout sera interdit... Marcher dans les rues, se distraire, chanter, danser...»
"En dehors du travail, tout sera interdit... Marcher dans les rues,
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) October 14, 2020
se distraire, chanter, danser..."
George ORWELL, 1984.#CouvreFeu#Macron#Macron20H#Covid19France#ConfinementNocturnepic.twitter.com/nVEtmkSrI2