Libération, outré par le succès d'une journaliste qui démonte le discours officiel sur Alep
Dans le prolongement des cris d’orfraie poussés par des médias français, Libération s'est dit inquiet de l’impertinence de la journaliste indépendante qui remet en cause les sources privilégiées par les médias traditionnels pour traiter de la Syrie.
On a cru qu’il nous avait oubliés, mais nous voilà rassurés : Libération s’est offusqué du fait que RT France ait diffusé la vidéo de la journaliste canadienne indépendante Eva Bartlett qui donnait une version alternative des événements qui avaient cours dans la ville d’Alep, alors qu'elle était en passe d’être reprise par l’armée syrienne.
Qualifiant RT France de «site prorusse financé par Moscou», le journal, qui a touché en 2015 près de 6 500 000 euros d’aide individuelle de la part du gouvernement français, a sorti ses meilleurs arguments pour tenter de contrer ceux que développe la journaliste indépendante.
Ainsi, par son simple discours critique, cette dernière serait devenue une «activiste pro-régime syrien». Par ailleurs, le seul fait qu’elle soit intervenue à une poignée de reprises sur la chaîne télévisée RT la transformerait irrémédiablement en adepte de la «propagande prorusse» et lui enlèverait toute qualité de journaliste indépendante.
Quoi qu’il en soit, le discours d'Eva Bartlett, qui a atteint les 600 000 vues en trois jours sur la chaîne YouTube de RT France, a rencontré son petit succès parmi les médias de la «doxasphère».
Le Monde, qui touche lui aussi des subventions de l'Etat français, s’est inquiété du fait que ce discours alternatif sur la couverture médiatique du conflit syrien puisse rencontrer un tel écho sur la toile. Le témoignage de la journaliste est ainsi évoqué en tête d'un article intitulé Fausses images et propagande de la bataille d’Alep, dans lequel il précède la fausse photo d'une orpheline syrienne qui a circulé sur les réseaux sociaux.
Assurant qu’il dispose de contacts sur le terrain en Syrie, le quotidien français a cependant oublié de répondre à Eva Bartlett sur la question du manque de fiabilité de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une source que Le Monde (et de nombreux autres médias traditionnels) utilisent pourtant régulièrement.
L'«#OSDH» : un seul individu, dans une maison en brique, quelque part au #RoyaumeUni : source fiable ? https://t.co/gY31IRvafCpic.twitter.com/gvIABxdm8w
— RT France (@RTenfrancais) 15 décembre 2016
Privilégiant les arguments de fonds [sic], le site du journal 20Minutes nous attribue pour sa part le doux sobriquet de «site conspirationniste russe», alors que le site Rue89, se joignant à la danse, est outré qu’une «journaliste indépendante […] dissémine la propagande pro-Assad». Avant eux, Les Inrocks avaient eux aussi voulu dénoncer un grand complot prorusse, un avis que ses lecteurs ne semblaient pas partager.
Quand les @lesinrocks pensent avertir les lecteurs d'une vidéo «complotiste»... c'est un fail https://t.co/BwtLz96X4Ypic.twitter.com/AQhPT2ulkq
— RT France (@RTenfrancais) 16 décembre 2016
Au cours d’une conférence «contre la propagande et le changement de régime en Syrie», organisée par la Mission permanente de la République syrienne auprès de l’ONU, la journaliste indépendante Eva Bartlett avait critiqué le manque de fiabilité des sources (OSDH, Casques blancs etc.) utilisées par les médias traditionnels pour rendre compte de la situation en Syrie et en particulier dans la ville d’Alep.