Les milliardaires, grands gagnants de la crise du Covid-19 selon un nouveau rapport
L'année 2020 sera une année record en termes d'accumulation de richesses, comme le constate une étude menée par le cabinet de conseil PwC et la banque suisse UBS. Le total des actifs des milliardaires s'élève à 10 200 milliards de dollars.
La crise du Covid-19 bénéficierait bien aux plus grandes fortunes du monde. C'est ce que constate une étude menée par le cabinet de conseil PwC et la banque suisse UBS publiée le 7 octobre. D'après les calculs, le total des actifs des 2158 milliardaires que compte le monde s'élève au niveau record de 10 200 milliards de dollars, battant le dernier pic de 2017, lors duquel il s'élevait à 8 600 milliards de dollars. Le nombre de milliardaires a lui aussi augmenté en deux ans, passant de 2158 en 2017 à 2189 actuellement.
D'après le rapport, cette augmentation des actifs et du nombre de milliardaires s'expliquerait par la reprise des marchés boursiers mais aussi par l'explosion des marchés de la haute technologie, de la santé et de la production industrielle. Entre le 7 avril et le 31 juillet 2020, les milliardaires tous secteurs confondus ont vu leur richesse augmenter de plus de 10 % quand ceux des secteurs de l’industrie, de la haute technologie et des soins de santé ont enregistré une croissance record comprise entre 36% et 44%.
Les milliardaires chinois du secteur de la santé sont cités comme les plus grands gagnants des deux dernières années et de la crise du Covid-19. Les capitaines d'industrie asiatiques auraient ainsi profité d'une flambée du marché des médicaments et du développement de l'industrie des dispositifs médicaux.
Dans la dernière décennie, la fortune des magnats de la haute technologie et de la santé a explosé. Sur une base 100 de 2009, la richesse des milliardaires de la haute technologie et de la santé est respectivement passée à environ 565 et 548 au 31 juillet 2020, soit une multiplication par cinq des fortunes en 11 ans.
Des décennies de changements en quelques mois
«Cette crise du Covid-19 pourrait être la véritable frontière entre l'ancienne et la nouvelle économie», a déclaré un milliardaire italien cité par le rapport. «Cela peut donner l'occasion de créer un meilleur environnement économique axé sur une croissance et une efficacité durable avec moins de bureaucratie et de procédures», s'est-il félicité.
Selon le rapport, 2020 restera une année charnière dans l'histoire pour les milliardaires et l'économie mondiale dans son ensemble. La crise du Covid-19 a accéléré le processus de transition de l’économie vers le numérique, tout en freinant le phénomène de mondialisation et en faisant exploser l'endettement.
Durant les dix prochaines années, les innovations et technologie émergentes joueront un rôle moteur pour accroître la productivité. Dans le même temps, ces innovations seront appelées à combler les problèmes environnementaux et sociaux. Parmi les innovations les plus prometteuses : les drones, la vente sur internet, les imprimantes 3D, la robotique, l'intelligence artificielle, la réalité augmentée, la blockchain et la réalité virtuelle sont les technologies amenées à renforcer ou constituer les grandes fortunes de demain. Des milliardaires qui, comme le souligne le rapport, tendent à privilégier la philanthropie par le biais des associations caritatives ou des investissements dans les technologies vertes.
Des conclusions au pays de Cocagne ou dans les abimes ?
L'étude de PwC et UBS sur la fortune des milliardaires arrive au moment où les experts ne cessent d'alerter sur les inégalités qui se sont creusées ces derniers temps, inégalités notamment dues à la crise du Covid-19.
Le 2 octobre, divers représentant d'associations caritatives comme la Fondation Abbé Pierre, Médecins du monde, Secours catholique, ATD Quart Monde ou Emmaüs ont été reçues par le Premier ministre Jean Castex pour demander une hausse des minimas sociaux. Les associations caritatives pointent la crise sanitaire qui a fait basculer dans la pauvreté un million de Français, qui s’ajoutent ainsi aux 9,3 millions de personnes vivant déjà au-dessous du seuil de pauvreté de 1 063 euros par mois et par unité de consommation.
Des revendications qui vont dans le sens de l'ONG Oxfam. Le 10 septembre, l'ONG avait publié un rapport où elle dénonçait les quelques grandes entreprises qui ont pu réaliser des «bénéfices exceptionnels» pendant la crise sanitaire mondiale au profit de leurs actionnaires. Oxfam avait alors appelé à la mise en place de nouvelles taxes pour contrer ce phénomène.
Une évolution qui n'est pas nouvelle. Dans son enquête de septembre sur les inégalités de niveau de vie, l'Insee avait déjà conclu à une augmentation des inégalités entre les ménages les plus riches et les plus pauvres en 2018. l'Insee avait constaté une «nette hausse» des inégalités de niveau de vie entre 2017 et 2018. Pour le justifier, les chercheurs de l'Insee ont comparé l'indice de Gini (qui mesure les inégalités). Ce dernier est passé de 0,289 en 2017 à 0,298 en 2018. Ainsi, les foyers les plus aisés perçoivent «une part des niveaux de vie 4,4 fois plus importante» que les ménages les plus modestes, soit une augmentation de 0,13 point en un an.
Charles Demange