Terrorisme : les États sahéliens appellent le Conseil de l'ONU à prendre des mesures contre Kiev
La Confédération des États du Sahel appelle le Conseil de sécurité des Nations unies à prendre des «mesures appropriées» contre l'Ukraine. Les trois États de l'AES accusent Kiev de «soutien au terrorisme».
Les ministres des Affaires étrangères de la Confédération des États du Sahel ont adressé le 19 août une lettre conjointe au président du Conseil de sécurité de l’ONU, lui demandant «d’assumer ses responsabilités face au choix délibéré de l'Ukraine de soutenir le terrorisme».
Les chefs des diplomaties du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont souligné avoir été «profondément choqués par les déclarations subversives de Monsieur Andriï Ioussov, porte-parole de l’Agence ukrainienne de renseignement militaire, qui a révélé l’implication de l’Ukraine dans l'attaque lâche, traîtresse et barbare des groupes armés terroristes les 24, 25 et 26 juillet 2024 à Tin Zaouatine, au Mali».
«Cette attaque a causé la mort de membres des forces de défense et de sécurité maliennes et a entraîné des dégâts matériels importants», ont-ils ajouté.
Dans la foulée d’une embuscade tendue dans le nord du Mali à Tin Zaouatine les 25 et 27 juillet, par les Touaregs de l’Azawad et d’Al-Qaïda au Sahel, au cours de laquelle le groupe paramilitaire russe Wagner et les forces armées maliennes avaient déclaré avoir subi des pertes, le porte-parole du renseignement militaire ukrainien (GUR) Andriï Ioussov avait déclaré dans une vidéo que ses agents avaient aidé les insurgés en leur fournissant «les informations nécessaires, et pas seulement celles qui ont permis une opération militaire réussie contre les criminels de guerre russes».
Internationalisation du conflit ukrainien
Pour l’Alliance des États du Sahel (AES), «ces actes constituent également une violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de nos États, une agression caractérisée de nos pays et un soutien au terrorisme international, en violation flagrante de la Charte des Nations unies et des conventions internationales relatives».
«Nous appelons le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités face au choix délibéré de l'Ukraine de soutenir le terrorisme, fléau rejeté à l'unanimité au plan international dans toutes ses formes et manifestations», a déclaré l’AES.
«Nous appelons le Conseil de sécurité, responsable principal du maintien de la paix et de la sécurité internationales, à prendre les mesures appropriées contre ces actions subversives qui renforcent les groupes terroristes en Afrique et constituent la manifestation de l'implication de sponsors étatiques étrangers dans l'expansion du terrorisme dans la région, chose que nos États ont régulièrement dénoncée», ont soutenu les ministres des trois pays.
L'Ukraine impliquée
L'ambassadeur d'Ukraine au Sénégal avait aussi partagé sur la page Facebook de l’ambassade cette vidéo, suscitant la colère de Dakar.
À la suite de la diffusion de cette vidéo, le ministère sénégalais des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur ukrainien pour lui rappeler ses obligations en matière de discrétion, de retenue et de non-ingérence. La vidéo controversée a depuis été supprimée des réseaux sociaux.
«Ces déclarations ont été corroborées par Monsieur Yurii Pyvovarov, ambassadeur de l'Ukraine au Sénégal, qui a exprimé sans équivoque le soutien de son pays au terrorisme international, en particulier au Sahel», ont ajouté les ministres de l'AES.
En réaction à ces événements, les gouvernements malien et nigérien ont annoncé la rupture «avec effet immédiat» de leurs relations diplomatiques avec l'Ukraine.