Interview de Carlson : «Je n’ai rien dit des propos que les dirigeants occidentaux m’attribuent», dénonce Poutine
Interrogé le 14 février sur les réactions de certains dirigeants occidentaux à son interview avec le journaliste américain Tucker Carlson, le président russe a dénoncé une déformation de ses propos concernant les raisons qu’il a données de l’offensive russe en Ukraine.
«Ils altèrent mes propos», a tenu à préciser Vladimir Poutine, le 14 février, lors d’une interview avec Pavel Zaroubine, correspondant de la chaîne Rossiya 1. Ce dernier interrogeait le président russe sur les déclarations de certains leaders occidentaux suite à l’interview menée par Tucker Carlson et diffusée dans la nuit du 8 au 9 février. «C’est très bien qu’ils écoutent mon interview, mais ça ne l’est pas quand ils déforment ce que je dis», a déclaré le chef de l’État russe.
«Où trouve-t-on cela dans mon interview ?»
«C’est clairement absurde», avait réagi le 9 février Rishi Sunak, interrogé par un journaliste sur le fait que Vladimir Poutine rejetait à présent la responsabilité du conflit «sur les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’expansion de l’OTAN». «La Russie a mené une invasion illégale et non provoquée», avait poursuivi le Premier ministre britannique.
Même son de cloche du côté d'Olaf Scholz qui, le même jour depuis Washington, déclarait que cette interview ne faisait «que se moquer des actions réelles menées par la Russie en Ukraine» et racontait «une histoire complètement absurde sur la cause de cette guerre».
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«Je n’ai pas dit que le lancement de l’opération militaire spéciale russe était lié à la menace de voir la Russie attaquée par l’OTAN», a rétorqué Vladimir Poutine. Et d'ajouter : «Où trouve-t-on cela dans mon interview ?» «Je parlais du fait qu’on nous avait toujours menti quant au refus d’élargir l’OTAN vers l’Est», a-t-il poursuivi, renvoyant à des propos du secrétaire d’État américain James Baker, lors d’un échange avec Mikhaïl Gorbatchev en février 1990.
«Il n'y aura aucune extension de la juridiction de l'OTAN pour les forces de l'OTAN d'un pouce à l'Est», avait à cette époque assuré le responsable américain. «Nous pensons que l’OTAN ne devrait pas élargir son champ d’action», avait déclaré, le lendemain, le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl au dirigeant soviétique. «Cette affirmation et l'assurance que les troupes de l'OTAN ne dépasseront pas le territoire de la République fédérale d'Allemagne offrent à l'Union soviétique de solides garanties de sécurité», avait déclaré trois mois plus tard le secrétaire général de l’Alliance nord-atlantique, Manfred Wörner, lors d’un discours en mai 1990.
«Ce n’est pas nous qui avons déclenché la guerre»
«Ensuite, cinq élargissements, un mensonge total», a fustigé Vladimir Poutine. «Évidemment, nous avons toujours été et sommes encore préoccupés par un éventuel entraînement de l’Ukraine dans l’OTAN, car cela menace notre sécurité», a-t-il ajouté.
«Mais le facteur déclencheur a été le refus des autorités ukrainiennes actuelles de respecter les accords de Minsk, et leurs attaques interminables avec de lourds bilans humains contre les territoires que pendant huit ans nous n’avons pas reconnus, c’est-à-dire le Donbass : la République populaire de Lougansk et la République populaire de Donetsk qui ont fini par nous demander de les reconnaître», a développé le président russe.
«Ce n’est pas nous qui avons déclenché la guerre, nous essayons seulement d’y mettre un terme», a-t-il poursuivi, renvoyant aux accords de Minsk. «Comme cela s’est avéré plus tard, là aussi on nous avait menés par le bout du nez», a-t-il ajouté, se référant aux aveux d’Angela Merkel. Lors d’une interview, fin 2022, l’ancienne chancelière allemande avait affirmé que les accords de Minsk avaient été «une tentative de donner du temps à l'Ukraine» de se renforcer militairement en vue d'une confrontation future avec Moscou. Une ligne confirmée, quelques mois plus tard, par l’ancien président français François Hollande, piégé au téléphone par les deux imitateurs russes Vova et Lexus, se faisant passer pour l'ancien président ukrainien Piotr Porochenko.
Lorsque Vladimir Poutine a annoncé, le 24 février 2022, le déclenchement d’une offensive en Ukraine, le conflit dans l'Est ukrainien avait alors selon l'ONU fait plus de 14 000 morts depuis 2014.