Un proche de Giorgia Meloni nommé à la Commission européenne, la gauche proteste
La nomination de l’italien Raffaele Fitto, issu du parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, à une vice-présidence de la Commission européenne après un accord entre plusieurs groupes, dont les sociaux-démocrates, suscite la polémique à gauche.
Après plusieurs semaines de tractations, la coalition au pouvoir à Bruxelles a fini par trouver un accord le 20 novembre au soir sur la composition de la nouvelle équipe de la Commission européenne.
Parmi les nouveaux membres de la Commission, un Italien du groupe européen ECR auquel appartient Marion Maréchal. Raffaele Fitto, membre du parti Fratelli d’Italia, a ainsi été nommé vice-président exécutif de la Commission européenne. Il a été félicité par Giorgia Meloni.
Raffaele Fitto è stato confermato nel ruolo di Vicepresidente esecutivo della Commissione europea. Quest’importante incarico attribuito al Commissario designato dall’Italia è una vittoria di tutti gli italiani, non del Governo o di una forza politica. Abbiamo ottenuto un… pic.twitter.com/h3FTmvp2rW
— Giorgia Meloni (@GiorgiaMeloni) November 20, 2024
La présidente du conseil italien a ainsi salué l’obtention d’«un portefeuille puissant» qui recoupe des domaines comme l'agriculture, la pêche, l'économie maritime, les transports et le tourisme et de se féliciter de cette nouvelle qui témoignerait de «la centralité retrouvée de l'Italie dans le contexte européen, digne de notre rôle d'État fondateur de l'UE, de deuxième industrie manufacturière d'Europe et de troisième économie du continent». À gauche, la nouvelle n’a pas été aussi bien accueillie, notamment dans les rangs des délégations françaises qui considèrent le parti de Giorgia Meloni comme d’extrême droite.
«Une ligne rouge qui a été franchie»
L’accord trouvé au sein de la Commission européenne l’a été grâce au soutien des sociaux-démocrates au niveau européen mais sans celui des eurodéputés français. Ainsi l’élu socialiste Pierre Jouvet a-t-il affirmé : «c’est une ligne rouge qui a été franchie», et de prévenir : «avec les socialistes français nous voterons donc évidemment contre cette Commission».
C’est une ligne rouge qui a été franchie.
— Pierre Jouvet (@PJouvet) November 20, 2024
Pour la première fois, la Commission européenne aura un vice-président d’extrême droite.
Je le condamne fermement et avec les socialistes français nous voterons donc évidemment contre cette Commission.
Le groupe social-démocrate français au Parlement, composé du Parti socialiste et du mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann, a également publié un communiqué de presse dans lequel il déplore : «nous avions une majorité en juillet sans l’extrême-droite» en affirmant : «nous rejetons donc son inclusion dans l’équipe dirigeante de la Commission».
Pour l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint, c’est «le chantage de la droite sur les socialistes européens» qui aurait «porté ses fruits», dénonçant les «petits arrangements de la honte».
Le chantage de la droite sur les socialistes européens semble avoir porté ses fruits. Accord en cours. L'Union devrait pour la 1e fois avoir un vice-president neofasciste
— Marie Toussaint 🌍🌏 (@marietouss1) November 20, 2024
Le cordon sanitaire est rompu. L'extrême droite prospère. Les petits arrangements de la honte tuent l'Europe https://t.co/5QKCxq8ica
Côté Insoumis (LFI), Manon Aubry, tête de liste du parti aux dernières élections européennes, voit dans cette nomination «le prix des petits arrangements entre amis entre la droite, libéraux et socialistes».
Les sociaux-démocrates se sont divisés sur le cas Fitto mais le poids des élus français, seulement 13 élus sur 136, n’aura pas suffi.
L'accord conclu le 20 novembre entre les chefs du Parti populaire européen (PPE), de Renew, le centre, et de la gauche avec le parti social-démocrate (gauche) prévoit de soutenir la nouvelle équipe de la Commission européenne. Parmi les nouveaux commissaires, la nomination du Hongrois Oliver Varhelyi à la Santé et au Bien-être animal avait également suscité quelques oppositions tout comme celle de la socialiste espagnole Teresa Ribera, actuelle ministre de l’écologie du gouvernement Pedro Sanchez, mise en cause par des élus de droite dans les inondations meurtrières qui ont frappé son pays.