Le directeur éditorial du site www.madaniya.info René Naba analyse le nouveau rôle de l’Egypte sur la scène internationale.
2015 aura été une année faste pour l’Egypte, particulièrement l'été 2015, qui aura marqué pour le pays des Pharaons la fin d'un cauchemar interminable en même temps que la fin d'une lourde tutelle pétro-monarchique sur sa politique étrangère. Tout à sa joie de cette libération, Le Caire ne se prive pas de le faire savoir.
Coup sur coup, le Maréchal Abdel Fattah Sissi a offert l'hospitalité au «Congrès fondateur de l'opposition démocratique syrienne» au Caire en juin 2015, et dans un spectaculaire geste de défiance à l'égard de la diplomatie wahhabite et de défi à la stratégie atlantiste, le président égyptien a reçu dans la foulée le Général Ali Mamlouk, le chef des services de renseignements syriens, donnant à savoir que «La Syrie constitue la première ligne de défense de l’Égypte en ce que les deux pays combattent le même ennemi commun "La confrérie des Frères Musulmans"», selon des déclarations rapportées par la presse arabe.
L'inauguration du nouveau Canal de Suez et la découverte d'un important gisement gazier dans le domaine maritime égyptien paraissent devoir dégager l’Égypte de l'étouffante étreinte économique pétro-monarchique et permettre à l'ancien chef de file du nationalisme arabe de l'époque nassérienne de reprendre pleinement son rôle moteur dans le Monde arabe, dans un partenariat renouvelé avec la Russie.
Le champ gazier qualifié de «gigantesque» devrait pourvoir aux besoins de l’Egypte pendant des décennies
Le nouveau Canal de Suez, inauguré le 7 Août 2015, devrait doubler les revenus de l’Egypte, alors que le champ gazier qualifié de «gigantesque» par la firme italienne à l’origine de la découverte, devrait pourvoir aux besoins de l’Egypte pendant des décennies. A noter que le champ gazier a été découvert trois semaines après l’inauguration du Canal, soit le 30 Août 2015.
Comme pour bien ancrer dans l'opinion arabe et internationale ce nouveau message égyptien au Monde, une délégation de journalistes égyptiens s'est rendue pendant une semaine en Syrie pour une tournée d'information dans les diverses provinces contrôlées par le gouvernement, parallèlement à une interview de Walid Mouallem, le ministre syrien des Affaires étrangères, à la chaîne égyptienne «An Nahar».
Mieux, l’Egypte, qui se pose désormais en concurrent du Qatar sur le plan du ravitaillement gazier de l’Europe occidentale, a décliné une offre de Doha proposant sa médiation entre l’Etat égyptien et la confrérie des Frères Musulmans, les deux «ennemis héréditaires» de l’Egypte post-monarchique.
L’Egypte s’est considérablement rapprochée de la Russie, son ancien partenaire de l’époque nassérienne
Tournant le dos à ses anciens alliés dont elle était l‘obligée, l’Egypte s’est considérablement rapprochée de la Russie, son ancien partenaire de l’époque nassérienne du temps où le Caire assumait la fonction de chef de file du nationalisme arabe, au moment où la Russie fait un retour spectaculaire au Moyen-Orient avec son nouveau redéploiement en Syrie et son alliance renforcée avec l’Iran.
Tout se passe comme si face à l’axe pro-djihadiste et atlantiste (Turquie, Arabie Saoudite et Qatar) se dresse désormais un contre-axe constitué, autour de la Russie comme pivot, de l’Egypte et de l’Iran, les deux puissances régionales en phase de montée en puissance.
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