René Naba, directeur éditorial du site madaniya.info et spécialiste des questions arabo-musulmanes, fait le bilan des trois attentats djihadistes du 26 juin 2015 en France, au Koweït et en Tunisie.
Bravant le tabou du mois sacré du Ramadan, les djihadistes se sont livrés à trois attentats aussi spectaculaires que meurtriers, au deuxième vendredi du mois de ramadan, dans une démonstration de force destinée tout à la fois à terroriser leurs ennemis arabes et musulmans, particulièrement les chiites, à impressionner leurs adversaires occidentaux et à provoquer, enfin, un effet de levier au sein de leurs sympathisants.
A Sousse, 27 morts, à travers l'hôtel Imperial, la cible visait à la fois la société de consommation et le tourisme, principal source de revenus de la Tunisie, en même temps qu'elle constituait un violent rappel à l'ordre des strictes règles d'observance du Ramadan en pays musulman.
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— RT France (@RTenfrancais) 26 июня 2015
En France, notamment en Isère, l'attentat se voulait un clair signal de ralliement au djihad en plein mois sacré du Ramadan en prenant pour cible un symbole de la société industrielle d'un pays capitaliste, certes, mais abritant, surtout, la plus importante communauté musulmane de l'espace européen.
Au Koweït, l'attentat contre une mosquée chiite (13 morts), revendiqué par l'Etat Islamique, s'inscrit en droite ligne de la stratégie du califat visant à éradiquer les renégats de l'islam (takfiristes) et vient en complément des attentats en mai contre deux mosquées chiites en Arabie saoudite.
Au-delà de cette déflagration tous azimuts, visant à la fois le Machreq (Levant) et le Maghreb (Le Ponant), de même que le continent européen, les djihadistes ont pu vouloir apporter la démonstration de leur capacité opérationnelle omnidirectionnelle.
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La focalisation sur le Golfe
La focalisation sur le Golfe revêt toutefois un double objectif : dissuader les pétromonarchies de renflouer Al-Qaeda, le rival de Daech, dans le Hadramaout où l'organisation de Ben Laden a aménagé une plateforme opérationnelle dans le Sud Yémen afin de combattre les houthistes et consolider l' «émirat sunnite du Koweït», décrété par Daech, l'an dernier, en plein Ramadan à l'occasion de la proclamation du califat.
L’institution de l’«émirat sunnite du Koweït» a été proclamé en 2014 avec Walid Tabatba’ï comme gouverneur. Ancien député wahhabite du parlement koweïtien, Walid Tabatba’ï s’était distingué par une intense campagne de mobilisation en faveur des djihadistes lors de la guerre de Syrie (2011-2014), organisant des campagnes de don, de collecte et d’enrôlement, sous le regard bienveillant des autorités koweïtiennes.
Dans la foulée des attentats en Arabie saoudite, en Mai 2015, le califat avait instauré un «Emirat islamique du Najd», dans le berceau de la dynastie wahhabite, un effet boomerang fracassant pour l'incubateur absolu du djihadisme planétaire.
Une focalisation lourde de conséquence pour l'avenir des pétromonarchies, miraculeusement préservées des soulèvements populaires du mal nommé «printemps arabe».
Ne jouez pas avec le feu
A force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Cela vaut naturellement pour l'Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et naturellement pour les Etats Unis, certes. Mais aussi et surtout la France – le meilleur allié du moment des pétromonarchies rétrogrades arabes.
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