Le président afghan impute l'offensive des Taliban au retrait «brusque» des Etats-Unis
- Avec AFP
Lors d'un discours prononcé au Parlement afghan, le président Ashraf Ghani a accusé Washington d'avoir poussé à la «destruction de la République» et la «légitimation» des Taliban après le sommet de Doha ouvrant la voie à un retrait américain.
Le président afghan Ashraf Ghani a imputé le 2 août, lors d'un discours au Parlement, la dégradation de la situation militaire à travers l'Afghanistan à la «brusque» décision des Etats-Unis de retirer l'ensemble des soldats américains du pays alors que les Taliban poursuivent leurs offensives tous azimuts.
Après avoir conquis de vastes zones rurales au cours des trois derniers mois, à la faveur du retrait définitif des troupes étrangères, ils ont resserré ces derniers jours leur étau sur trois grandes villes du pays.
Evoquant un processus de paix «importé», le chef d'Etat afghan a également accusé Washington d'avoir poussé à la «destruction de la République» et la «légitimation» des Taliban en négociant directement avec eux à Doha, lors de pourparlers ayant abouti début 2020 à un accord prévoyant le départ des troupes étrangères d'Afghanistan.
Dans son discours, le président a par ailleurs affirmé avoir préparé un plan sur six mois visant à endiguer l'avancée des Taliban, sans toutefois donner de détails. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des Taliban, a qualifié sur Twitter les propos d' Ashraf Ghani d'«absurdités».
Les ambassades américaine et britannique à Kaboul accusent les Taliban du massacre de dizaines de civils
Parallèlement aux déclaration du président afghan, les ambassades américaine et britannique à Kaboul ont accusé les Taliban d'avoir «massacré des dizaines de civils» à titre de représailles dans le district de Spin Boldak, dans le sud du pays dont il se sont emparés le 14 juillet.
«Ces meurtres sont susceptibles de constituer des crimes de guerre ; ils doivent faire l'objet d'enquêtes et les combattants ou chefs Taliban responsables doivent rendre des comptes», notent les deux ambassades en des termes similaires sur leurs comptes Twitter respectifs, renvoyant à un rapport de la Commission afghane indépendante des droits de l'Homme (AIHRC), un organisme public chargé de faire appliquer la justice dans le pays.
Les forces afghanes n'ont jusqu'ici opposé qu'une faible résistance à l'avancée des Taliban et ne contrôlent plus pour l'essentiel que les principaux grands axes et les capitales provinciales. Mais alors que le retrait des forces internationales est quasiment achevé, des combats urbains opposent depuis plusieurs jours forces afghanes et Taliban dans Lashkar Gah, une des trois capitales provinciales afghanes sous la menace directe des insurgés. Ceux-ci affrontent également les forces afghanes dans les faubourgs de Kandahar et d'Hérat, deuxième et troisième villes les plus peuplées du pays.