Soutien de Macron aux caricatures : au Pakistan, les policiers otages d'un parti islamiste relâchés
- Avec AFP
Les agents avaient été enlevés pendant des manifestations à Lahore le 18 avril et retenus dans une mosquée appartenant au Tehreek-e-Labbaik, mouvement classé organisation terroriste. Ils ont été libérés le lendemain après négociations avec le TLP.
Onze policiers pakistanais pris en otage par des manifestants d'un parti islamiste radical condamnant l'arrestation de leur leader ont été libérés à l'issue de négociations, a annoncé ce 19 avril le ministère de l'Intérieur. Les policiers avaient été enlevés et conduits le 18 avril dans la mosquée du Tehreek-e-Labbaik (TLP) à Lahore, au cours de violentes manifestations.
Une vidéo mise en ligne le jour même, dont l'authenticité a été confirmée par la police, montrait des policiers blessés, certains en sang et contusionnés, bandages autour de la tête.
Le ministre de l'Intérieur Sheikh Rashid Ahmed a indiqué que les policiers avaient été libérés tôt ce 19 avril à l'issue de «négociations» avec le parti TLP, officiellement interdit depuis la semaine dernière par le gouvernement qui l'a classifié comme organisation terroriste. Les officiers étaient retenus dans une mosquée appartenant au TLP, dans laquelle se sont regroupés des partisans de ce mouvement. Le bâtiment avait été encerclé par la police.
«Des premières négociations ont été entamées avec le TLP, elles ont réussi», a déclaré Rashid dans une vidéo sur Twitter. «Ils ont libéré les 11 policiers qui avaient été pris en otage», a-t-il ajouté, précisant qu'une deuxième série de négociations aura lieu plus tard le 19 avril, sans que l'on connaisse leur objet.
Les islamistes avaient fixé au 20 avril la date limite pour l'expulsion de l'ambassadeur français, leur principale revendication.
En effet, le parti est depuis des mois à l'origine d'une campagne contre la diplomatie française – plus précisément depuis que le président Emmanuel Macron a défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d'expression.
Des manifestations de protestation ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, entraînant la mort de six policiers et conduisant l'ambassade de France à appeler ses ressortissants à quitter provisoirement le pays.
Le chef du TLP arrêté pour avoir demandé l'expulsion de l'ambassadeur de France
Le dirigeant français s'était exprimé au cours de l'hommage rendu à Samuel Paty, un enseignant tué le 16 octobre après avoir montré des dessins satiriques à sa classe, dans la foulée de la republication de représentations du prophète Mahomet par l'hebdomadaire Charlie Hebdo. La défense de ces caricatures par Emmanuel Macron causant presque instantanément l'ire de ce parti islamiste pakistanais.
La semaine dernière, l'ambassade de France au Pakistan a recommandé à ses ressortissants de quitter provisoirement le Pakistan, un appel qui semble avoir été largement ignoré.
Les islamistes protestent de façon véhémente depuis la semaine dernière contre la détention de leur chef, qui a été arrêté pour avoir exigé l'expulsion de l'ambassadeur de France, et malgré la résolution pacifique de cette prise d'otage, le TLP garde une dent contre l'ambassadeur.
Ses dirigeants affirment que plusieurs partisans ont été tués lors des affrontements le 18 avril. «Nous ne les enterrerons pas tant que l'ambassadeur de France ne sera pas mis à la porte», a déclaré dans une déclaration vidéo Allama Muhammad Shafiq Amini, un de leurs leaders.
Le ministre de l'Intérieur a de son côté déclaré : «Les partisans du TLP sont entrés dans la mosquée et la police s'est également retirée. Espérons que les autres questions seront réglées lors de la seconde série de négociations».
Le gouvernement du Premier ministre Imran Khan a interdit la semaine dernière le TLP, le qualifiant d'organisation terroriste.
Pourtant, le 17 avril, il a laissé entendre que le parti n'avait pas été interdit en raison de son idéologie mais plutôt pour ses méthodes. «Laissez-moi être clair avec les gens d'ici et d'ailleurs : notre gouvernement n'a pris des mesures contre le TLP, en vertu de notre loi antiterroriste, que lorsqu'il a contesté l'autorité de l'Etat, eu recours à la violence dans la rue et attaqué la population et les forces de l'ordre», a-t-il tweeté.