Dix ans de guerre en Syrie : une défaite pour l'interventionnisme occidental ?

Dix ans de guerre en Syrie : une défaite pour l'interventionnisme occidental ?© Marko Djurica Source: Reuters
Le drapeau syrien flotte à un point de contrôle militaire dans la région d'al-Khalidiya, dans la partie contrôlée par le gouvernement de Homs, en Syrie, le 18 septembre 2018.
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Après dix ans d'un conflit sanglant en Syrie, le terrorisme islamiste y est de plus en plus circonscrit et Bachar el-Assad reste au pouvoir, au grand dam des puissances occidentales. Bruno Guigue et Rony Brauman livrent leur analyse pour RT France.

Le chaos incarné. La Syrie, jadis rayonnante par son patrimoine culturel, est aujourd'hui un vaste champ de ruines et de désolation. Ce 15 mars marque les dix ans du déclenchement de la guerre civile syrienne, qui a transformé ce pays arabe à l'histoire millénaire en terrain de jeu macabre pour des terroristes islamistes des quatre coins du monde, mais aussi pour les puissances internationales.

Les puissances occidentales, Etats-Unis, Grande-Bretagne et France en tête, ainsi que la Turquie, l'Arabie saoudite ou le Qatar, ont longtemps prétendu lutter «à la fois contre les terroristes et contre Bachar el-Assad». Elles sont entrées dans l'arène syrienne sans prêter main-forte au gouvernement du pays dans sa lutte contre Daesh, générant ainsi une confusion totale qui rend complexe une lecture des alliances sur le terrain.

Tandis que la population prise au piège continue de payer un lourd tribut, la guerre de Syrie a révélé (si cela était encore nécessaire) les contradictions des puissances occidentales et de leurs alliés du Golfe, qui, se targuant de défendre les droits de l'homme contre le pouvoir syrien, ont participé à entretenir le chaos des années durant.

Pour revenir sur ces dix années de guerre, RT France a interrogé deux observateurs français de ce conflit aux points de vue divergents. Bruno Guigue, analyste politique et ancien haut fonctionnaire, et Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, s'entendent toutefois sur un point : les puissances occidentales auraient mieux fait de s'abstenir, que ce soit pour la paix en Syrie ou pour leurs propres intérêts. 

Un bilan impossible à évaluer avec précision

S'il est sans aucun doute cataclysmique, le bilan de la guerre est difficile à établir de manière précise. La Banque Mondiale estimait en 2017 le nombre de morts entre 400 000 et 470 000 personnes en se basant sur les estimations de l'ONU (400 000 morts estimés en avril 2016) et le Syrian Center for Policy Research (470 000 morts estimés en février 2016). Ce chiffre, en 2021, doit sans conteste s'être considérablement alourdi.

La population syrienne poussée à l'exil par la guerre est estimée par l'ONU à 5,6 millions d'habitants qui ont fui vers la Turquie, le Liban, la Jordanie et d'autres destinations. En interne, le nombre de déplacés s'élève à 6,6 millions de personnes et la moitié de la population, soit plus de 13 millions de Syriens, vivrait dans le besoin. En plus de la guerre, de l'effondrement total du tourisme, les sanctions économiques infligées à la Syrie par les Etats-Unis et l'Union européenne, comprenant notamment l'interdiction d'importer des produits américains et un embargo sur les produits pétroliers, ont un large impact sur la population syrienne. Elles constituent un quasi-blocus du pays, compte tenu des punitions que risquent les entités (pays ou entreprises) faisant du commerce ou de l'aide humanitaire vers la Syrie. Les répercussions des sanctions affectent également les secteurs médical et alimentaire. «Les sanctions américaines asphyxient l’économie. Les Syriens doivent faire des heures de queue pour acheter du pain. L’essence est presque introuvable, même si sous escorte russe en Méditerranée, des navires iraniens acheminent encore du pétrole», détaille ainsi le journaliste Georges Malbrunot dans le Figaro.

Le «printemps syrien» ?

La première manifestation d'une opposition syrienne au visage séduisant pour les observateurs occidentaux s'inscrit dans le cadre de ce que les grands médias ont rapidement baptisé «les printemps arabes». En janvier 2011, la «révolution du jasmin» en Tunisie faisait tomber Zine el-Abidine Ben Ali au pouvoir depuis 1987, et en février, Hosni Mobarak était lui aussi contraint à la démission en Egypte après 30 ans de règne sans partage, suite à des manifestations massives.

Le 15 mars, c'est au tour de l'opposition syrienne de sortir dans la rue, timidement d'abord. Elle reçoit immédiatement les «hourras» des observateurs occidentaux rêvant de voir tomber le «dictateur» Bachar el-Assad au pouvoir depuis l'an 2000. Mais la Syrie est plus partagée, les loyalistes sont nombreux et l'opposition peine à se structurer et à être incarnée par un mouvement politique identifiable. Pour Rony Brauman, cette mobilisation des premiers jours est «remarquable» car composée de gens «de toutes origines, de toutes classes sociales qui défilaient chaque semaine pour demander des libertés de base». De son point de vue, «ce sont les agressions qui ont été commises par les miliciens pro-gouvernementaux qui ont fait monter le niveau de violence et peu à peu les démocrates ont été remplacés par des combattants».

Bruno Guigue dresse un constat différent. Selon lui, «le rôle de la médiasphère» dans la construction de l'opinion occidentale a joué un rôle non-négligeable. Le climat et «l'enthousiasme auquel nous avons tous certainement participé en faveur du renouveau que pourraient apporter ces printemps arabes» sont certainement pour quelque chose dans ce qui s'est produit en Syrie. A ce moment-là, de son point de vue, Assad est sur la liste «des potentats visés par ces printemps arabes et le fait que son pouvoir soit très contesté par une série d'opposants et la mouvance islamiste, brossait un tableau très négatif de la situation en Syrie». Mais pour Bruno Guigue, c'est là que «la manipulation a commencé». «On nous a montré des manifestations de barbus qui rassemblaient quelques milliers de personnes et qui ont été présentées comme un immense soulèvement populaire», se souvient-il. «En revanche, il y avait aussi des manifestations de juin à novembre 2011 favorables au gouvernement syrien et aux réformes qu'il proposait», et celles-ci ont été «occultées» par le storytelling occidental, assure-t-il. Ces images de rassemblements pro-Assad, on peut les revoir sur la chaîne YouTube de l'AFP depuis Damas et sur la chaîne d'Euronews, depuis Alep.

Mais profitant de la rue et de l'air du temps, l'agitation ne va pas tarder à prendre une tournure violente. Comme le rappelle Georges Malbrunot, à la fin du mois de juillet 2011, avec «la création de l’Armée syrienne libre, composée d’officiers déserteurs, et la réplique du gouvernement syrien, la crise se mue en guerre». 

Un milliard de dollars par an de la CIA pour les «rebelles syriens»

Dans son livre intitulé La guerre de l'ombre en Syrie, le journaliste indépendant Maxime Chaix décrit les dessous de l’opération secrète «Timber Sycamore», lancée en 2012 à l'initiative de la CIA, et à laquelle participèrent des services secrets occidentaux ainsi que leurs homologues des pays du Golfe comme l'Arabie saoudite.

C'est l'époque où vous aviez tous les gauchistes de Saint-Germain-des-Prés qui expliquaient qu'il fallait livrer des armes lourdes à l'opposition syrienne

Selon le New York Times, le programme autorisait initialement les forces américaines à former les «rebelles syriens» à l'utilisation d'équipements militaires, mais pas à fournir directement l'équipement proprement dit. Quelques mois après sa création, il a été modifié pour permettre à la CIA à la fois de former et d'équiper les forces «rebelles».

Dotée d’un budget d'un milliard de dollars par an, cette opération consista à fournir des armes aux opposants à Bachar el-Assad, et particulièrement à des membres de la fameuse Armée syrienne libre (ASL). Toutefois, comme le rappelle une note de lecture du Monde diplomatique sur le livre de Maxime Chaix, «ces armes tombèrent rapidement aux mains de groupes parmi les plus radicaux, dont une branche d’Al-Qaida en Syrie, connue sous le nom de front Al-Nosra. Ces livraisons se sont poursuivies après août 2014, contribuant à alimenter par contrecoup l’organisation de l’Etat islamique [Daesh], alors combattue par une coalition internationale». 

«François Hollande a reconnu qu'il avait livré des armes à la rébellion syrienne malgré l'embargo décrété par l'UE», rappelle Bruno Guigue. «C'est l'époque où vous aviez tous les gauchistes de Saint-Germain-des-Prés qui expliquaient qu'il fallait livrer des armes lourdes à l'opposition», s'étrangle-t-il. Ce faisant, pour cet analyste, quand les occidentaux disent lutter contre Daesh, c'est «vrai et faux». Cette intervention a été «à géométrie variable puisque par exemple, quand la colonne infernale de Daesh venant d'Irak a pris Palmyre, pas une seule cartouche n'a été tirée à l'époque, alors que cette colonne blindée était aisément repérable par tous les moyens dont disposent les occidentaux». «Concrètement, ils combattent Daesh quand ça les arrange et ils laissent Daesh combattre l'Etat syrien quand ça les arrange», analyse cet ancien haut fonctionnaire. 

Une guerre d'influence internationale 

Sur les terrains politique et diplomatique, en 2012, plus de 100 pays reconnaissaient une «Coalition nationale des forces de la révolution et de l'opposition» comme unique représentant du peuple syrien. Mais en dépit des efforts occidentaux, l'opposition en exil et les «rebelles» en Syrie ne sont pas parvenus à former un front uni, et les factions armées se sont progressivement fragmentées. «L'émergence de Daesh et l'intervention armée de la coalition conduite par les Etats-Unis à partir de 2014 amorce une période encore plus sombre pour la Syrie», ajoute Georges Malbrunot. 

L'intervention russe est légitime en droit international puisque faite dans le cadre de la charte de l'ONU [...] En revanche, les interventions occidentales sont de A à Z totalement illégitimes. Elles constituent des violations du droit international

A l'appel de Bachar el-Assad, la Russie apporte son soutien militaire à la Syrie à partir de 2015, entraînant le recul des djihadistes qui avaient afflué par milliers de plusieurs dizaines de pays étrangers, dont la France. Comme le mentionne le journaliste du Figaro, spécialiste du monde arabe, le conflit syrien s'internationalise en 2015, avec l'entrée en jeu de la Russie. «Moscou par son aviation, Téhéran grâce à ses miliciens irakiens, afghans ou libanais et la Turquie», vont désormais «imposer le tempo» de la guerre en Syrie. Mais c'est au moins une vingtaine de pays et des dizaines d'organisations, dont beaucoup terroristes, qui ont pris part à cette guerre et le territoire a été longtemps fragmenté sous diverses influences.

Aujourd'hui, la plus grande partie du pays est à nouveau contrôlée par le pouvoir syrien appuyé par ses alliés que sont la Russie et l’Iran. Mais le nord-est du pays est encore dominé par les combattants kurdes, alliés des Etats-Unis. Quant à la Turquie, elle a désormais la mainmise sur la province d’Idleb au nord-ouest, aujourd'hui dernière poche du terrorisme avec, principalement, les combattants du Front Al-Nosra. 

Comme le souligne l'analyste politique Bruno Guigue, «l'intervention russe [contrairement à celle des puissances occidentales,] est légitime en droit international puisque faite dans le cadre de la charte de l'ONU qui prévoit qu'un Etat peut faire appel à un autre Etat pour faire face à une menace extérieure, en l'occurrence l'arrivée massive de mercenaires lobotomisés qui constituent encore aujourd'hui une menace extrêmement sérieuse». «Il m'apparaît plus qu'évident que la Russie est un acteur extrêmement important du règlement du conflit syrien, tout comme la Turquie ou l'Arabie saoudite», abonde pour sa part Rony Brauman, qui ne soutient toutefois pas l’intervention russe en Syrie et dénonce «le niveau de violence auquel a recouru le régime de Bachar el-Assad» qui le place, selon lui dans «la catégorie des grands régimes criminels, ultra-violents».

Du point de vue de Bruno Guigue, les interventions occidentales sont à l'inverse de celle de la Russie, «de A à Z totalement illégitimes. Elles constituent des violations du droit international de manière caractérisée puisqu'aucun mandat onusien n'autorise lesdites puissances à intervenir sur un territoire qui n'est pas le leur et pour lequel elles n'ont pas été sollicitées par un Etat souverain». 

L'échec du «ni Assad, ni Daesh» 

Incarnant la position française et plus largement occidentale au début du conflit, Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères sous François Hollande de 2012 à 2016, avait déclaré que «Bachar el-Assad ne mérit[ait] pas d'être sur terre».

J'ai préféré la diplomatie façon Macron à la diplomatie façon Sarkozy ou Hollande que j'ai trouvée maximaliste, démagogique, droit-de-l'hommiste au sens le plus péjoratif du terme, c'est-à-dire une morale aveugle aux conséquences des actes qu'elle préconise

Mais au fil du temps, la diplomatie française a semblé prendre conscience que la posture consistant à dire «ni Assad, ni Daesh», finissait par être stérile. «Sous la menace d’attentats commandités depuis la Syrie, la France est contrainte de hiérarchiser ses priorités», analyse Georges Malbrunot. Peu après son accession à la présidence, Emmanuel Macron se veut pragmatique. «Le vrai aggiornamento que j'ai fait sur ce sujet, c'est que je n'ai pas énoncé que la destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout», déclarait le chef d'Etat dès juin 2017. Et d'affirmer le revirement de la politique française sur le dossier syrien : «Personne ne m'a présenté son successeur légitime.» Le président français se dit clair : sa priorité est la «lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis».

Rony Brauman ne dit pas autre chose. «J'ai préféré la diplomatie façon Macron à la diplomatie façon Sarkozy ou Hollande que j'ai trouvée maximaliste, démagogique, droit-de-l'hommiste au sens le plus péjoratif du terme, c'est-à-dire une morale aveugle aux conséquences des actes qu'elle préconise», explique l'ancien président de Médecins sans frontières. «Il y avait une certaine modération de la part de Macron de cet activisme un peu distrait un peu fanfaron, et en effet, je préfère ça», ajoute-t-il.

Quelle diplomatie aujourd'hui ?

Aujourd'hui, Bachar el-Assad est toujours à la tête de la Syrie. «Il a survécu malgré les nombreuses annonces, grâce, sans doute, au soutien conjoint de Moscou et de Téhéran», commente encore Rony Brauman, qui estime que devant cette réalité qu'il déplore, il conviendra d'instaurer un niveau de relations diplomatiques mesuré.

Sans aller jusqu'à composer avec le président syrien, Rony Brauman estime que la France devrait «accepter sa présence» même si les relations avec Damas ne sauraient être de son point de vue à haut niveau. «La France ne va pas partir en guerre contre le régime de Bachar el-Assad, ce serait ridicule, illégitime, [...] mais il ne me semble pas possible d'établir des relations diplomatiques à un niveau normal avec le gouvernement de Bachar el-Assad car trop de sang a coulé, ça ne peut pas être jeté par-dessus bord et ignoré dans les relations», plaide-t-il. Ce qu'il dit à propos du gouvernement syrien, Rony Brauman, qui est né à Jérusalem, le préconise également pour les relations avec Israël qui, selon lui, «en tant que puissance occupante se riant des résolutions des Nations unies, traitant d'antisémite quiconque ose élever la voix sur les ravages de cette occupation en Palestine», ne devrait pas bénéficier de relations fortes avec la France. 

«Ce n'est pas un régime particulier que je préconise mais simplement un dosage diplomatique : on n'a pas les mêmes relations avec la Suède, la Norvège ou la Grande-Bretagne qu'avec la Syrie de Bachar ou le régime birman, l'Arabie saoudite, etc.», précise Rony Brauman, qui insiste sur le fait qu'il n'est pas pour la rupture des relations diplomatiques. «Il ne s'agit pas pour moi de dire qu'on ne converse qu'avec ses amis et ses alliés, ce serait ridicule, c'est la négation de la diplomatie, il ne s'agit pas de couper les liens, il s'agit de les moduler et de les structurer en rapport avec un certain jugement politique qui ne consiste pas à se substituer aux populations et aux régimes locaux mais à tenir compte d'un certain niveau de violence interne que l'on réprouve et dont on veut faire savoir qu'on le réprouve», détaille-t-il. Rejetant tant la diplomatie des droits de l'homme, qui pour lui «n'a qu'un sens guerrier, type la Libye, qui fait beaucoup de mal», que la «froideur totale, le cynisme, la défense de ses intérêts les plus étroits», Rony Brauman estime qu'il y a de la place «pour une modulation politique, diplomatique qui intègre les données, les évolutions, un peu comme on [la France] le fait en Afrique».

Si Rony Brauman qualifie le président syrien de «tyran», pour Bruno Guigue, le rôle de Bachar el-Assad pendant la guerre «est jugé positivement par la grande majorité des Syriens». «Il est resté à son poste, il a conduit l'Etat dans un moment critique de son histoire et je pense que c'est porté à son crédit par la population», assure-t-il. Selon cet analyste, Bachar el-Assad n'est pas près de quitter le pouvoir. «S'il montrait le moindre signe de faiblesse, ce serait une telle satisfaction pour les chancelleries occidentales que je ne pense pas qu'il veuille leur faire ce plaisir et vis-à-vis de ses partenaires aussi, il est plus logique qu'il reste», conclut-il.

Quel intérêt pour les populations occidentales ?

Les populations occidentales dont les pays ont été embarqués dans la guerre en Syrie n'ont pas eu leur mot à dire sur ces interventions. 

Comme le note Bruno Guigue, Bachar el-Assad avait très tôt prévenu les Occidentaux que «ce jeu se retournerait contre eux». Et comme le montrent les attentats de 2015 en France, le terrorisme ne frappe pas qu'en Syrie. Le conflit syrien a ainsi contribué à radicaliser de nombreux terroristes islamistes ayant sévi sur le sol français, comme Chérif Kouachi ou Amedy Coulibaly, qui ont tous deux mentionné les agissements occidentaux, notamment en Syrie, comme une motivation de leur passage à l'acte.

«Il n'y a aucun intérêt pour les populations des pays occidentaux, c'est d'ailleurs même criminel de la part de ces pays d'avoir soutenu chez les autres le terrorisme qu'on prétendait combattre à domicile», s'indigne Bruno Guigue. De son point de vue, «si on cherche l'explication ultime de cette politique absurde», il n'y en a qu'une : «C'est l'alignement systématique sur les intérêts israélo-américains dans la région, au moins de la part de Londres et de Paris.» Et de citer le courriel de Hillary Clinton : «La meilleure manière d’aider Israël à gérer la capacité nucléaire grandissante de l’Iran est d’aider le peuple syrien à renverser le régime de Bachar el-Assad», annonçait d’emblée Hillary Clinton dans un document révélé par WikiLeaks en 2016. «Israël a d'ailleurs régulièrement bombardé le sol syrien jusqu'à très récemment», rappelle Bruno Guigue, pour qui les agissements des gouvernements français et britannique «ne servent pas leurs intérêts nationaux même si c'est inavouable». «C'est extrêmement choquant d'ailleurs pour un citoyen français», commente-t-il. «Les populations des pays occidentaux ont tout à perdre de la déstabilisation du Moyen-Orient, en revanche, les dirigeants de ces pays, de leur point de vue, ont tout à gagner parce que tout ce qui affaiblit la Syrie affaiblit le Hezbollah et l'axe de la résistance au Moyen-Orient, donc tout est bon pour leur stratégie du chaos», juge Bruno Guigue. «La guerre en Syrie a montré les limites du recours aux armes pour faire triompher une cause ou une autre», estime plus généralement Rony Brauman.

Mais au milieu du champ de ruines, quel avenir attend désormais les Syriens ? Aujourd'hui, les regards se tournent vers l'élection présidentielle de l'été 2021 dans le pays. Les nations occidentales, jadis intraitables sur un départ d'Assad, se contentent désormais de réclamer une issue négociée au conflit. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a récemment réclamé davantage d'accès humanitaire et un consensus du Conseil de sécurité sur ce sujet, lors d'une déclaration à des médias à l'occasion des dix ans de guerre dans ce pays. «La situation reste un cauchemar vivant» et «environ 60% des Syriens risquent de souffrir de la faim cette année», a-t-il averti.

L'humanitaire devra aussi passer par la reconstruction. Des villes entières ont été anéanties par les bombardements. Pour Bruno Guigue, «l'acteur dont on ne parle pas et qui ne va pas tarder à montrer le bout de son nez pour la reconstruction, c'est la Chine», deuxième puissance économique mondiale qui a refusé toute implication dans la guerre en Syrie.

En attendant, le processus de paix se poursuit. La Russie tente de mettre autour de la table des représentants de l'opposition et du gouvernement syriens, dans le cadre du format d'Astana. En l'absence des Etats-Unis, une réunion sur la Syrie rassemblait en février, à Sotchi (sud de la Russie), outre le gouvernement syrien et l'opposition, l'ONU, la Russie, l'Iran et la Turquie. Force est de constater que dix ans après le début de la guerre, les chantiers politiques et sécuritaires sont légion.


Meriem Laribi

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