Après l'accord post-Brexit, l'Ecosse sur la voie de l'indépendance ?
Après l'accord entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, le Premier ministre écossais a exprimé sa volonté que son pays devienne «une nation européenne indépendante». Un nouveau souffle pour les indépendantistes après le référendum perdu de 2014 ?
Le 24 décembre, après l'annonce de l'accord post-Brexit auquel sont parvenus le Royaume-Uni et l'Union européenne, le Premier ministre écossais Nicola Sturgeon a expliqué qu'il était temps que l'Ecosse devienne «une nation européenne indépendante». Une déclaration qui pourrait raviver les velléités indépendantistes de l'Ecosse, qui avait voté à 62% contre la sortie de l'Union européenne lors du référendum de 2016, le troisième de l'histoire du pays.
Sur son compte Twitter, la chef du Scottish National Party (SNP) a rappelé que le Brexit arrivait «contre la volonté du peuple d’Ecosse» et affirmé qu'«aucun accord ne pourra jamais compenser ce que le Brexit nous enlève». «Il est temps de tracer notre propre avenir en tant que nation européenne indépendante» a-t-elle conclu.
Before the spin starts, it’s worth remembering that Brexit is happening against Scotland’s will. And there is no deal that will ever make up for what Brexit takes away from us. It’s time to chart our own future as an independent, European nation.
— Nicola Sturgeon (@NicolaSturgeon) December 24, 2020
Peu de temps avant, la leader indépendantiste avait également affirmé que l'accord était «désastreux pour les fermiers britanniques» et «imposé à l’Ecosse contre sa volonté». Elle par la suite qualifié la décision prise par Londres de ne plus participer au programme Erasmus de «vandalisme culturel».
This is a disastrous Brexit outcome for Scottish farmers...and like all other aspects of Brexit, foisted on Scotland against our will. https://t.co/jWruc1RL46
— Nicola Sturgeon (@NicolaSturgeon) December 24, 2020
Le chef du SNP à la Chambre des communes Ian Blackford s'est joint à la critique portée par Nicola Sturgeon, en affirmant que l'Ecosse serait «plus pauvre» le 1er janvier. Pour lui, réintégrer l'Union européenne en tant que pays indépendant est «la destinée» de l'Ecosse.
We now must chart a route back for Scotland into the EU. We can achieve this through Scotland becoming an independent European country. That is our destiny.
— Ian Blackford (@Ianblackford_MP) December 24, 2020
Londres s'oppose à un second référendum
Les indépendantistes du SNP rencontrent des succès électoraux depuis les années 1970, qui coïncident avec la découverte de pétrole dans la mer du Nord. Une tendance qui a abouti à la tenue d'un référendum en 2014. Le résultat favorable au maintien dans le Royaume-Uni – dont l'Ecosse est une nation constitutive depuis 1707 – aurait dû clore la question pour quelques années. Mais le Brexit a changé la donne : 62% des Ecossais ont en effet voté à cette occasion pour rester dans l'Union européenne.
Deux jours après le déclenchement de la procédure de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, en mars 2017, Nicola Sturgeon avait formellement demandé au gouvernement britannique en tant que Premier ministre écossais «le pouvoir d'organiser un second référendum d'indépendance». Un sondage publié par l'institut Survation montrait alors que seuls 41% des Ecossais étaient favorables à une nouvelle consultation.
Le Premier ministre britannique de l'époque, Theresa May, avait estimé que le moment n'était pas venu pour un nouveau référendum, celle-ci cherchant à se focaliser sur les négociations avec l'Union européenne en vue du Brexit. Une position à laquelle s'est tenue Londres depuis : son successeur Boris Johnson a ainsi fait savoir en juillet 2020 qu’il s’opposerait lui aussi à un nouveau référendum sur l’indépendance. Or, son accord est requis pour organiser un tel scrutin.
Cette déclaration n'a cependant pas empêché Nicola Sturgeon de déclarer le 1er septembre 2020 qu’une proposition de loi pour un second référendum sur l’indépendance serait publiée dans les mois à venir, comme l'a rapporté Euractiv. Elle souhaite pour ce faire s'appuyer sur une potentielle large victoire aux élections législatives écossaises de 2021. Le Premier ministre écossais s'est cependant engagée à retarder la campagne pour un second référendum jusqu'à ce que le pays soit sorti de la crise liée à la pandémie de Covid-19.
Le référendum de septembre 2014 s'était soldé par un rejet de la sortie du Royaume-Uni à 55,3% avec un fort taux de participation (84,6%). Mais le difficile processus de négociation du Brexit et son résultat jugé peu satisfaisant par le gouvernement écossais actuel pourrait renverser la vapeur en faveur des indépendantistes.
Les institutions européennes évitent de leur côté de commenter ces projets mais laissent entendre que, en cas d'indépendance, le chemin d’Edimbourg vers l’adhésion à l'Union européenne serait sûrement long.