Tests de vaccins en Afrique ? Le directeur de l'OMS dénonce «l'héritage d'une mentalité coloniale»
Le directeur de l'OMS a dénoncé le fait que des chercheurs aient récemment évoqué l'Afrique comme un «terrain d'essai» pour tester un vaccin potentiel contre le Covid-19, appelant à en finir avec l'«héritage de la mentalité coloniale».
L'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, actuel directeur de l'OMS, a condamné ce 6 avril les «propos racistes» de chercheurs ayant récemment évoqué l'Afrique comme un «terrain d'essai» pour tester un vaccin potentiel contre le Covid-19, non sans rappeler un récent débat polémique à ce sujet entre un chercheur de l'Inserm et un médecin sur la chaîne d'information en continu LCI.
L'ancien ministre éthiopien des Affaires étrangères a appelé à mettre un terme à ce qu'il a qualifié d'«héritage d'une mentalité coloniale».
Il est honteux et horrifiant d'entendre des scientifiques tenir ce genre de propos au XXIe siècle
«Ces propos racistes ne font rien avancer. Ils vont contre l'esprit de solidarité. L'Afrique ne peut être et ne sera un terrain d'essai pour aucun vaccin», a notamment affirmé Tedros Adhanom Ghebreyesus au cours d'une conférence de presse depuis Genève.
«Il est honteux et horrifiant d'entendre des scientifiques tenir ce genre de propos au XXIe siècle. Nous les condamnons dans les termes les plus forts», a-t-il conclu.
World Health Org DG @DrTedros brands French scientists saying Coronavirus vaccine should be trialled in Africa, as racist.
— Samira Sawlani (@samirasawlani) April 6, 2020
Adds that Africa will not be a testing ground & that this ‘colonial hangover’ needs to stop pic.twitter.com/ryi8GcG0Gg
S'il n'a pas nommé les scientifiques en cause, l'intervention du directeur de l'OMS survient après une vive polémique née d'un échange sur LCI entre Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Cochin, et Camille Locht, directeur de recherche à l'Inserm à Lille. Le premier avait abordé le sujet de la sorte : «Si je peux être provocateur, est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n'y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c'est fait d'ailleurs sur certaines études avec le sida, ou chez les prostituées : on essaie des choses parce qu'on sait qu'elles sont hautement exposées. Qu'est-ce que vous en pensez ?»
Une remarque dans le sens de laquelle le chercheur avait alors abondé : «Vous avez raison, d'ailleurs. On est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique avec le même type d'approche, ça n'empêche pas qu'on puisse réfléchir en parallèle a une étude en Europe et en Australie», avait-il répondu.