«Occupez-vous de vos affaires», le Venezuela renvoie (aussi) Macron aux Gilets jaunes
Devant le Conseil de Sécurité de l'ONU, le chef de la diplomatie vénézuélienne, Jorge Arreaza, a rappelé que, selon lui, les Occidentaux devraient être mis en cause pour leur ingérence dans les affaire intérieures du Venezuela.
Très houleuse réunion extraordinaire, le 26 janvier, du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée au Venezuela. Sous le feu des accusations des Occidentaux et de certains pays d'Amérique latine, le ministre des Affaires étrangères vénézuélien Jorge Arreaza a sèchement repoussé l'ultimatum posé par Emmanuel Macron.
Le dirigeant français a en effet donné sur Twitter, huit jours au Venezuela avant de reconnaître comme légitime Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale vénézuélienne et autoproclamé président de la République bolivarienne.
Respectez l'autodétermination des peuples
Le chef de la diplomatie vénézuélienne a ainsi renvoyé l'exécutif français aux revendications, fiscales et politiques, des Gilets jaunes. «Pourquoi le Président Macron au lieu de se pencher sur les manifestations permanentes des Gilets jaunes, du peuple ouvrier français, vient-il s’occuper du Venezuela ? [...] Occupez-vous de vos affaires, nous ne nous mêlons pas de vos affaires, respectez la charte des Nations unies», a-t-il martelé. Et d'ajouter : «Respectez l'autodétermination des peuples». Ce même 26 janvier, Emmanuel Macron a annoncé que la France pourrait reconnaître Juan Guaido comme président du Venezuela. «Sans élections annoncées d’ici huit jours, nous serons prêts à reconnaître Juan Guaido comme "président en charge" du Venezuela pour enclencher un processus politique», a-t-il asséné sur Twitter. Et d'ajouter : «Nous y travaillons entre partenaires européens.»
Le peuple vénézuélien doit pouvoir décider librement de son avenir. Sans élections annoncées d’ici 8 jours, nous serons prêts à reconnaître @jguaido comme « Président en charge » du Venezuela pour enclencher un processus politique. Nous y travaillons entre partenaires européens.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 26 janvier 2019
Ingérence occidentale et coup d'Etat américain, selon Caracas
Ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela, en contravention de la charte des Nations unies et du droit international ? C'est bien évidemment l'avis de Caracas, que la Russie partage, et que le ministre n'a pas hésité à défendre devant le conseil de sécurité.
Rappelant le rôle de Washington, dans la tentative de renversement du président Hugo Chavez en 2002, le chef de la diplomatie vénézuélienne a égrené la longue liste des interventions américaines en Amérique latine, considérée, depuis le XIXe siècle et la doctrine Monroe comme l'arrière-cour de Washington. «Ce devraient être les Etats-Unis qui devraient faire l'objet d'un examen permanent, du fait de leur mépris du droit international, de leur ingérence, de leurs invasions et de leurs soutien aux coups d'Etat», a-t-il encore lancé.
Selon l'agence Associated Press (AP), en décembre 2018, Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale du Venezuela s'est rendu discrètement à Washington, ainsi qu'en Colombie et au Brésil, avec pour but de briefer les administrations de ces pays sur son intention d'organiser des manifestations de masse à l'occasion de l'investiture du président vénézuélien élu, Nicolas Maduro, le 10 janvier dernier. Toujours selon AP, des fonctionnaires américains auraient alors mis en place un système de communication par messagerie cryptée. Juan Guaido aurait également assuré à ses interlocuteurs étrangers qu'il s'auto-proclamerait président le 23 janvier, à l'occasion de la commémoration du coup d'Etat militaire de 1958 au Venezuela...
«Imaginez que les plus hautes autorités chinoises appellent les #GiletsJaunes à prendre les rues de Paris et des grandes villes françaises. Comment appelleriez vous cela ?» @RomainMigus, journaliste et écrivain#Venezuela 🇻🇪 #Maduro#Guaidohttps://t.co/6BkmOWEjKQ
— RT France (@RTenfrancais) 26 janvier 2019
Ce 27 janvier, Nicolas Maduro a annoncé dans une interview donnée à CNN Turk qu'il rejetait l'ultimatum conjoint de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de l'Espagne.