Pentagone : «torts partagés» dans le raid américain qui a tué des soldats irakiens
Pour le ministre de la Défense Ashton Carter, l’incident qui a coûté la vie à neuf soldats irakiens serait la faute des deux parties, qui prétendent que la tragédie est causée par la proximité entre les Irakiens et Daesh, mais les blessés en doutent.
«Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi et moi-même nous sommes mis d’accord pour dire que c’est un incident regrettable, et qu’il y aura une enquête. Mais de telles choses arrivent quand vous luttez côte à côte», a fait savoir Carter.
Les forces de la coalition couvraient l’avancement des troupes terrestres près de Falloujah car les hélicoptères irakiens ne pouvaient pas voler à cause de mauvais temps. Le bilan humain est de neuf morts, dont un officier, si on en croit au ministre irakien de la Défense Khaled al-Obeidi.
Cependant, cette déclaration a été mise en doute par un officier irakien qui a été blessé lors du raid aérien américain. «Nous avancions et Daesh reculait, et c’est à ce moment que le bombardement a soudainement eu lieu sur les forces qui se trouvaient derrière nous», a-t-il expliqué sous condition d’anonymat.
L’officier a aussi ajouté que le fait que des hauts responsables figurent parmi les blessés indique que les frappes n’ont pas visé la ligne de front.
Alors que le ministre Khaled al-Obeidi a annoncé la mort de neufs soldat dans l’incident d’hier, le nombre de victimes diverge selon les sources, y compris auprès du chef du Comité de sécurité et de défense au Parlement irakien Haqim al-Zamli. En effet selon lui, l’incident a coûté la vie à au moins 30 soldats irakiens et en a blessé 20 autres.
Soupçons autour des intentions de la coalition occidentale
L’incident soulève des soupçons en Irak, comme quoi la coalition menée par les Etats-Unis pourrait aider Daesh que plutôt les combattre, une croyance largement répandue dans le pays. Les combattants chiites qui luttent contre les forces de Daesh en Irak ont souffert des interventions américaines qui ont aidé les terroristes dans le passé, a indiqué le commandant des milices Hakim al-Zamili à RT.
«Nous ne pensons pas qu’il s’est agi d’une erreur technique. Nous voyons constamment les Etats-Unis essayer de fournir une couverture aérienne à Daesh. Ils nous empêchent de lancer une offensive», a-t-il souligné.
«Je crois que tout le monde est convaincu aujourd’hui que les Etats-Unis ne sont pas sincères dans cette lutte contre l’Etat islamique. Peut-être ont-ils un autre ordre du jour. Le Pentagone, la CIA et d’autres agences essayent de diviser les sunnites et les chiites en Irak», a-t-il poursuivi, ajoutant que Washington essaye de mettre l’Irak en morceaux avec l’aide de leurs alliés comme la Turquie et les pays du Golfe persique.
Les milices chiites luttent contre Daesh avec l’aide d’instructeurs et de responsables iraniens. Les Etats-Unis à leur tour refusent de coordonner leur combat en Irak avec Téhéran. Certains membres de la coalition menée par les Etats-Unis, tels que la Turquie et l’Arabie saoudite considèrent l’Iran comme un ennemi et comptent s’opposer à toute coopération avec Téhéran.
L’attaque qui a touché les troupes irakiennes représente le deuxième incident embarrassant pour l’armée de l’air américaine ces derniers mois. En effet, au début du mois d’octobre, des avions américains ont bombardé un hôpital en Afghanistan dirigé par l’ONG Médecins Sans Frontières. L’incident a coûté la vie à quelque 42 personnes.
Hôpital de #Kunduz: #Washington présente ses condoléances en indemnisant les familles https://t.co/GWMxSUBZyjpic.twitter.com/Ra0IiA7G1E
— RT France (@RTenfrancais) 11 Octobre 2015