Crise au Moyen-Orient : la diplomatie française aux abonnés absents ?
L'absence de la diplomatie française au Proche et au Moyen-Orient est devenue flagrante, alors que la région est en ébullition après le double assassinat de Fouad Chokor à Beyrouth et d'Ismaël Haniyeh à Téhéran. Paris se contente de suivre la position américaine.
«Mais où donc est passée la France ?», s'interroge ce 13 août L'Orient-Le Jour. L'absence de la diplomatie française pour éviter un conflit régional au Proche et au Moyen-Orient est devenue flagrante.
Alors que les chancelleries occidentales font le déplacement à Beyrouth pour tenter de convaincre le Hezbollah de ne pas se lancer dans des représailles qui risquent d'enflammer la région, Paris «semble à la remorque». En effet, alors que le Liban a toujours été un interlocuteur privilégié pour la diplomatie française, compte tenu de l'histoire mandataire et des liens avec la francophonie, l'Élysée n'a pas dépêché un émissaire depuis que les tensions sont brutalement montées dans la zone.
Le quotidien libanais précise que même le Royaume-Uni a envoyé le 1er août dernier, soit deux jours après l'assassinat de Fouad Chokor dans la banlieue sud de Beyrouth, ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense David Lammy et John Healey pour jouer les médiateurs.
La visite de Stéphane Séjourné, elle, tarde à se concrétiser. Même un déplacement de l'émissaire présidentiel pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, n'était pas dans les petits papiers de l'Élysée. Seule circonstance atténuante : la France était prise par l'organisation des Jeux olympiques sur son sol et la situation politique interne n'était pas encore réglée.
Quelques coups de fil suffisent-ils ?
Néanmoins, l'image d'un président français au chevet des Libanais, au lendemain de la terrible explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, «paraît lointaine», indique L'Orient-Le Jour. Une source diplomatique occidentale, citée par le quotidien libanais, déclare avec un brin d'ironie : «À quoi peuvent s’attendre de plus les responsables français s’ils venaient au Liban ?», faisant référence à la paralysie du l'exécutif libanais, sans gouvernement depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022.
Le président français a tout de même eu récemment au téléphone le président iranien Massoud Pezeshkian, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le Premier ministre libanais Najib Mikati ou encore le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président des Émirats arabes unis, le cheikh Mohammad ben Zayed.
L'atlantisme français mène à sa passivité
Mais pour tenter de garder une certaine influence dans la zone, la France se joint aux déclarations américaines. Le 12 août, avec le Royaume-Uni, l'Italie, l'Allemagne et les États-Unis, la France a fait part de son «soutien total aux efforts en cours pour apaiser les tensions et parvenir à un cessez-le-feu et à un accord sur la libération des otages à Gaza», tout en saluant «l’appel conjoint du président Biden, du président égyptien Sissi et de l’émir Tamim du Qatar à reprendre les négociations».
Le communiqué conjoint rappelle le «soutien à la défense d’Israël contre l’agression iranienne et contre les attaques des groupes terroristes soutenus par l’Iran», mettant en garde Téhéran contre les conséquences d'une riposte à l'échelle régionale.
Un appel qui visiblement ne suffira pas : de son côté, l'Iran a rejeté ce 13 août ces doléances occidentales. Téhéran s'est dit «déterminé à défendre sa souveraineté», l'Iran ne demandant «l'autorisation de quiconque pour utiliser ses droits légitimes», selon le porte-parole de sa diplomatie, Nasser Kanani.
Selon le média Axios rapportant des estimations des renseignements israéliens, l'Iran serait prêt à mener une opération «à grande échelle» contre l'État hébreu avant le début de la reprise des négociations prévue le 15 août prochain.