Ukraine : une conseillère de l’armée pour les questions de genre appelle à mobiliser les femmes
Alors que les députés ukrainiens viennent d’adopter ce 11 avril un projet de loi controversé sur la mobilisation, censée lutter contre la pénurie d’hommes dans les rangs de l’armée, la conseillère pour les questions de genre auprès du commandant des forces terrestres appelle à élargir la conscription aux femmes au nom de l'égalité entre les sexes.
Le projet de loi sur la mobilisation a été adopté en deuxième lecture, ce 11 avril, par le Parlement ukrainien. «C'est fait ! La loi sur la mobilisation est adoptée. 283 pour», a déclaré sur sa chaîne Telegram le député Alexeï Gontcharenko, opposé à l’actuelle mouture de ce texte de loi. Marqué par les controverses, celui-ci durcit notamment les sanctions envers les réfractaires et facilite l’enrôlement en créant un service numérique dédié.
Dernier scandale en date : la suppression à la dernière minute d'une clause prévoyant la démobilisation des soldats ayant servi pendant plus de 36 mois. Une mesure qui avait été brandie comme faire-valoir de ce projet de loi. Début avril, Volodymyr Zelensky avait promulgué un projet de loi abaissant l’âge de la mobilisation pour les hommes de 27 à 25 ans.
Mais Kiev, en pénurie de soldats, lorgne déjà sur une autre réserve d’effectifs pour son armée : les femmes. Dans une interview au Sunday Times, publiée le 10 avril, la conseillère pour les questions de genre auprès du commandant des forces terrestres, Oksana Grigorieva, a déclaré que son pays devait abandonner sa «mentalité démodée» à l'égard des femmes et adopter une politique de conscription féminine à l'israélienne.
«Nous devons préparer les filles dès leur plus jeune âge à protéger le pays»
«Notre constitution stipule qu'il est du devoir de chaque Ukrainien de protéger sa patrie, il est donc tout à fait normal que les femmes servent également», argumente-t-elle auprès de l’hebdomadaire britannique. Celui-ci souligne qu’officiellement 65 000 femmes servent déjà sous les drapeaux en Ukraine, un chiffre en hausse «d’environ 40% depuis 2021», et que «presque toutes» sont des volontaires.
L’hebdomadaire souligne également que les femmes ne sont autorisées que depuis 2018 à occuper des postes de combat en Ukraine et que «moins d’un dixième» le font actuellement, les femmes occupant majoritairement des postes administratifs, de médecins ou encore d’officiers du renseignement. «Nous avons parcouru un long chemin en termes de législation, mais dans la pratique, cette mentalité de la vieille école persiste», a enchéri Oksana Grigorieva.
«Dès l'âge scolaire, il existe une division entre les filles et les garçons dans ce pays, les garçons apprenant des activités physiques tandis que les filles doivent faire de la broderie ou de l'économie domestique. Cela doit changer», a-t-elle fustigé. «Tant physiquement que psychologiquement, nous devons préparer les filles dès leur plus jeune âge à protéger le pays», a-t-elle ajouté auprès du Sunday Times.
Une armée ukrainienne sous perfusion occidentale
Depuis plusieurs mois, des voix s’élèvent au sein du commandement ukrainien pour s’alarmer de la pénurie de bras. Une pénurie qui vient s’ajouter à celles de matériels et de munitions, à l’heure où les élus du Congrès des États-Unis, premier soutien de Kiev, ne parviennent pas à s’entendre sur l’allocation d’une aide militaire supplémentaire de plus de 60 milliards de dollars.
Pour maintenir ses forces face à celles de la Russie, en plus de faire appel à des volontaires étrangers, Kiev verse une solde de 100 000 hryvnias (près de 2 500 euros) à ses soldats sur le front, soit plus de six fois le salaire moyen en Ukraine. Une dépense colossale pour cet État en déficit chronique, à laquelle s’ajoutent des pensions de veuvage de 370 000 euros pour les épouses des soldats tués.