Aide à l'Ukraine : cinq dirigeants européens appellent à «redoubler d'efforts», les tensions s'accumulent dans l'UE
- Avec AFP
Cinq chefs de gouvernement de l'UE, dont Olaf Scholz, ont appelé ce 31 janvier les États membres à «redoubler d'efforts» dans leur soutien militaire à l'Ukraine avant un sommet crucial le 1er février. Le Financial Times a révélé depuis plusieurs semaines les pressions de Berlin sur Paris et Rome, mais aussi le chantage de Bruxelles sur la Hongrie.
«Nous devons redoubler d’efforts afin de garantir le maintien de notre soutien aussi longtemps qu’il le faudra», ont déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz, Mette Frederiksen (Danemark), Petr Fiala (République tchèque), Kaja Kallas (Estonie) et Mark Rutte (Pays-Bas) dans une tribune publiée dans le quotidien britannique Financial Times (FT) ce 31 janvier.
«L'Ukraine ne dispose pas de quantités suffisantes de munitions d’artillerie. Et les engagements en matière de soutien militaire risquent de ne pas répondre aux besoins» de Kiev, ajoutent-ils.
Ils appellent en conséquence «les amis et les partenaires de l'Ukraine à s'engager à nouveau en faveur d'un soutien militaire durable et à long terme à l'Ukraine, en tant que responsabilité commune de l'Europe».
«Au début de l’année dernière, l’UE s'est engagée sur un objectif ambitieux : fournir à l'Ukraine un million d’obus d'artillerie avant la fin mars 2024. La dure réalité est que nous n'avons pas atteint cet objectif», déclarent ainsi les chefs de gouvernement dans la tribune du FT.
«Ce qui est urgent aujourd’hui, c’est d'envoyer les munitions et les systèmes d’armes, notamment les obusiers, les chars, les drones et la défense aérienne, dont l’Ukraine a un besoin si urgent sur le terrain. Maintenant», ajoutent-ils. Il convient pour cela d'explorer toutes les pistes. «Don de stocks existants ou achat conjoint de munitions par l'intermédiaire de nos industries de défense», suggèrent-ils notamment.
Pressions sur Paris et Rome, chantage contre Budapest
Cette tribune intervient alors que certains pays de l'UE, Berlin en tête, ont déclaré à plusieurs reprises ces dernières semaines que les États membres pourraient faire davantage dans l'aide militaire à l'Ukraine.
Le 16 janvier, le Financial Times révélait que Bruxelles avait lancé un audit sur les quantités d’armements que les États membres avaient fourni à Kiev depuis le début de l’offensive russe. Un contrôle qui faisait suite aux récriminations de Berlin, estimant que certains États auraient les moyens d’en faire plus. Étaient notamment ciblés Paris et Rome. Deux jours plus tard, Emmanuel Macron annonçait que la France allait livrer à Kiev 40 missiles à longue portée Scalp supplémentaires et «des centaines de bombes».
L’AFP confirme ce 31 janvier qu’une «évaluation» est en cours pour faire le point sur les contributions de chaque État membre, alors qu'un sommet sur le soutien financier à Kiev va réunir les 27 le 1er février à Bruxelles.
Des discussions difficiles sont à prévoir pour trouver un compromis avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui, en décembre, a mis son veto au versement d'une aide européenne de 50 milliards d'euros sur quatre ans à Kiev. Selon une autre révélation, le 29 janvier cette fois, du Financial Times, citant un mémo de l’UE, Bruxelles a envisagé de «saboter l’économie hongroise» en coupant les vivres à Budapest, afin de dissuader les investissements étrangers et d'affaiblir la monnaie hongroise. Viktor Orban a confirmé le 30 janvier sur X (ex-Twitter) l’information, dénonçant un «chantage».
We made a compromise proposal. In return, we were blackmailed by Brussels. The #Brussels blackmail manual was published in the @FT earlier this week. The cat is out of the bag. Forget about the rule of law, Hungary is blackmailed for having a it’s own opinion on #migration, the…
— Orbán Viktor (@PM_ViktorOrban) January 30, 2024
Ces tensions ont lieu alors qu'une enveloppe américaine de soutien à l'Ukraine de 61 milliards de dollars est bloquée par des négociations entre démocrates et républicains au Congrès. La Maison Blanche a dit et répété que sans rallonge budgétaire, il n'y aurait pas d'autres aide militaire à Kiev.