Ukraine : la défense allemande admet ne pas pouvoir aider Kiev «à fond»
Dans une interview publiée ce 19 janvier, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius assure que son pays fait le maximum pour aider l’Ukraine, mais qu’aider Kiev davantage affaiblirait les capacités de l’armée allemande.
«Jusqu’à présent, nous avons livré tout ce que nous pouvions», a déclaré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, dans une interview publiée ce 19 janvier dans le Der Tagesspiegel.
Cuisiné sur le fait que le gouvernement allemand ne ferait «pas tout ce qu’il peut pour arrêter la poussée expansionniste brutale de Poutine en Ukraine», le chef de la Bundeswehr s'est défendu, faisant valoir que Berlin était «le plus grand [contributeur] d’Europe», se plaçant au deuxième rang mondial derrière les États-Unis.
«C’est pourquoi il est juste que le chancelier appelle les autres partenaires européens à faire plus», a-t-il ajouté. Pistorius a également réitéré certaines limites de Berlin. «Jusqu’à présent, les missiles de croisière Taurus sont hors de question pour nous», a-t-il répondu à une question portant sur le fait que «l’Allemagne ne tient pas ses promesses» vis-à-vis de l’Ukraine.
«Nous ne pouvons pas y aller "à fond", comme certains le demandent», a-t-il fini par déclarer, interrogé cette fois sur les appels au sein de la coalition au pouvoir afin de fournir davantage de chars à l’Ukraine.
«Les capacités de l’industrie de la défense sont limitées»
«Nous devons toujours garder un œil sur notre propre capacité de défense, et c’est ma responsabilité en tant que ministre de la Défense», a-t-il ajouté. «Nous ne pouvons pas acheter de chars sur étagère. Et il faut deux ans pour les produire. Les capacités de l’industrie de la défense sont limitées. Ils ne peuvent pas non plus être démarrés» a poursuivi Pistorius.
Le 16 janvier, le Financial Times révélait que le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) avait lancé un audit sur les quantités d’armements que les États membres ont fourni à Kiev depuis le début de l’offensive russe. Un contrôle qui fait suite aux récriminations du chancelier allemand Olaf Scholz, estimant que certains États auraient les moyens d’en faire plus. Selon le FT, la France et l'Italie auraient notamment été visés.
Selon le décompte tenu par le Kiel Institute, un think tank allemand, Berlin a fourni plus de 17,1 milliards d’euros d’aide militaire à Kiev au 31 octobre 2023, devançant de loin le Danemark et la Pologne qui avec respectivement 3,5 et 3 milliards complètent le podium européen de l’aide militaire à l’Ukraine.