Tsahal «au cœur» de Gaza-ville, les civils «cherchent désespérément de la nourriture», alerte l’ONU
- Avec AFP
L'armée israélienne opère ce 8 novembre dans le centre de la ville de Gaza, dans le nord du territoire palestinien, où la situation de centaines de milliers de civils toujours présents est de plus en plus désastreuse après un mois de guerre meurtrière.
Les troupes israéliennes se trouvent désormais «au cœur» de la ville de Gaza, dans le nord de l'enclave, où les combats au sol et la campagne de bombardement se sont intensifiés ces derniers jours pour «détruire le Hamas», a déclaré le 7 novembre au soir le ministre de la Défense Yoav Gallant.
«Il n'y aura pas de trêve humanitaire sans le retour des otages», a ajouté le ministre. Plus de 240 personnes ont été enlevées, selon Israël, le jour de l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre qui a déclenché la guerre.
Au moins 1 400 personnes sont mortes, en majorité des civils tués le jour même de l’attaque du Hamas, la plus meurtrière de l'histoire d'Israël. Côté palestinien, plus de 10 300 personnes, en majorité des civils, dont 4 237 enfants, ont péri à Gaza depuis le 7 octobre, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Une «faillite morale», déplore la Croix-Rouge
Le service de communication du Hamas à Gaza a affirmé le 7 novembre au soir sur Telegram que plusieurs cimetières du territoire étaient pleins et qu'il n'y avait «plus d'espace pour les enterrements».
Face à une situation humanitaire catastrophique dans le petit territoire assiégé, les appels au cessez-le-feu se sont multipliés de la part de l'ONU, d'ONG, de dirigeants du monde arabe et d'autres pays.
«Nos demandes incessantes pour la mise en place d'un cessez-le-feu immédiat sont restées sans réponse», a déploré le 7 novembre l'organisation Médecins sans frontières (MSF) qui a annoncé la mort d'un de ses employés dans un bombardement contre le camp de réfugiés de Chati, dans la périphérie de Gaza-ville.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé les parties à mettre fin aux souffrances des civils, déplorant une «faillite morale». Cette organisation a annoncé le 7 novembre qu'un de ses convois d'aide humanitaire vers l'hôpital al-Quds du Croissant-Rouge palestinien avait été ciblé par des tirs, dont il n'a pas précisé la provenance. «Ce ne sont pas des conditions dans lesquelles le personnel humanitaire peut travailler», a déclaré William Schomburg, responsable local du CICR.
Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), citant les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, 192 personnels de santé ont été tués depuis le début de la guerre.
L'idée d'un cessez-le-feu a aussi été rejetée par les Etats-Unis, proches alliés d'Israël, qui préconisent plutôt des «pauses humanitaires», et insistent sur «le droit d'Israël à se défendre».
Gaza : 1,5 million de déplacés
Pour les 2,4 millions d'habitants de Gaza, le désespoir est intense après un mois de bombardements ininterrompus. «Arrêtez cette machine à détruire. Sauvez-nous», a imploré le 7 novembre Hicham Koulab, un déplacé palestinien, rattrapé par les bombardements à Rafah, dans le sud du territoire.
Piégés dans leur territoire de 362 km², les Gazaouis sont aussi soumis depuis le 9 octobre à un siège total qui les prive de livraisons d'eau, d'électricité et de nourriture.
Dans le nord, «de nombreuses personnes cherchant désespérément de la nourriture se sont introduites dans les trois dernières boulangeries où il restait des stocks de farine de blé» le 7 novembre, selon l'OCHA, qui a dénombré 650 camions d'aide humanitaire entrés sur le territoire depuis le 21 octobre par Rafah, seul point de passage de la bande de Gaza non contrôlé par Israël avec l'Egypte.
Dans le sud, il faut «quatre à six heures d'attente en moyenne pour recevoir la moitié d'une portion de pain normale», a précisé l'OCHA, selon lequel quelque 600 personnes, détentrices de passeports étrangers, et 17 blessés, ont pu être évacuées le 7 novembre par Rafah.
L'armée israélienne a multiplié les appels aux civils à quitter le nord pour se réfugier au sud, plus sûr selon elle. Mais les bombardements continuent de toucher aussi cette partie du territoire, où s'entassent des centaines de milliers de déplacés. Le territoire compte plus d'1,5 million de déplacés internes.
Le ministère de la Santé du Hamas a dit avoir reçu l'ordre d'évacuer immédiatement l'hôpital al-Rantissi, ajoutant qu'une telle évacuation «mettrait en danger la vie des enfants et des malades».
150 Palestiniens tués en Cisjordanie
En Israël, la population s'est recueillie le 7 novembre dans le silence, la prière et les larmes en hommage aux victimes de l'attaque du 7 octobre qui a traumatisé le pays. «Les atrocités ont laissé une cicatrice terrible, des traumatismes au niveau personnel, mais aussi au niveau national», a déclaré Asher Cohen, le président de l'université hébraïque de Jérusalem, dont plusieurs diplômés ont été tués.
Alors qu'Israël s'est retiré unilatéralement de Gaza en 2005 après 38 ans d'occupation, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé le 6 novembre au soir que son pays prendrait, «pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité» dans le territoire palestinien pour empêcher un retour du Hamas, organisation qualifiée de «terroriste» par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Ces propos ont fait réagir les Etats-Unis, qui ont affirmé que «de façon générale, nous ne soutenons pas une réoccupation de Gaza», selon le porte-parole du département d'Etat américain, Vedant Patel. «Il y a une chose sur laquelle il n'y a absolument pas de doute : le Hamas ne peut pas faire partie de l'équation», a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.
Réagissant à la déclaration de John Kirby, le porte-parole du Hamas, Abdel Latif al-Qanou, a déclaré sur Telegram que ce que John Kirby avait dit sur l'avenir de Gaza après le Hamas était «un fantasme». «Notre peuple est en symbiose avec la résistance et lui seul décidera de son avenir», a-t-il ajouté.
Alors que la communauté internationale craint une extension du conflit, Benjamin Netanyahou a prévenu le 7 novembre au soir que le Hezbollah ferait «l'erreur de sa vie» s'il entrait de plain-pied à la guerre. Les échanges de tirs sont quotidiens à la frontière israélo-libanaise, entre l'armée israélienne et le Hezbollah, allié du Hamas et pro-iranien.
Les violences se sont également multipliées en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où plus de 150 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, d'après l'Autorité palestinienne.