La circulaire Retailleau sur la naturalisation crispe la gauche

La circulaire de Bruno Retailleau durcissant les conditions de naturalisation des étrangers, publiée le 4 mai 2025, provoque la colère de la gauche. Najat Vallaud-Belkacem et Jérôme Guedj dénoncent une démarche démagogique et stigmatisante. La mesure est vue comme un coup politique ne répondant pas aux vrais enjeux.
Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, publie une circulaire visant à durcir les conditions de naturalisation des étrangers, ce qui suscite une vive indignation à gauche.
Ce texte de cinq pages, adressé aux préfets, insiste sur un renforcement des critères : maîtrise accrue du français, adhésion aux valeurs républicaines, insertion professionnelle sur cinq ans et ressources stables hors prestations sociales. Bruno Retailleau, tenant d’une ligne dure sur l’immigration, rappelle que la naturalisation n’est « pas un droit, mais une décision souveraine du gouvernement » et s’appuie sur la loi Darmanin pour justifier ces mesures.
Retailleau en campagne ?
Présentée à Créteil le 5 mai, la circulaire est perçue comme un tour de vis restrictif, bien que sans bouleversement majeur sur le fond. À gauche, les réactions sont cinglantes. Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France terre d’asile, dénonce un ministre « en campagne » qui « n’agit pas comme un homme d’État ».
Elle critique une « démagogie » et pointe une division par deux des heures de formation en français, plaidant pour un meilleur accès aux cours dès la demande d’asile. Pour elle, l’augmentation de 8,3 % des naturalisations en 2024 (66 745) est un simple rattrapage après des retards administratifs, pas une justification pour durcir les règles.
Jérôme Guedj, député PS, s’est dit « gêné par la surenchère dans la suspicion » envers ceux qui aspirent à devenir français. Il fustige un « climat de différenciation » qui stigmatise les candidats. La Cimade, via L’Humanité, alerte sur une « superposition de textes » précarisant les étrangers, tandis que Sandrine Rousseau, dans un entretien, critique implicitement cette logique de stigmatisation.
Ces réactions soulignent un fossé idéologique avec le ministre de l'Intérieur, accusé de jouer sur la fermeté migratoire pour des raisons électoralistes, notamment dans sa course à la présidence des Républicains.