Accord UE-Mercosur : en France, le spectre du blocage hante le gouvernement

Accord UE-Mercosur : en France, le spectre du blocage hante le gouvernement© Laurent Cipriani
Des agriculteurs en colère, à Saint-Laurent-de-Mure, près de Lyon, le 18 novembre 2024.
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Après le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, c’est sa collègue à l'Agriculture Annie Genevard qui s’est inquiétée ce 20 novembre d'une inscription dans la durée de la mobilisation agricole contre le projet d'accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur.

«Nous serons à leurs côtés pour mettre la pression!» a lancé sur X, ce 20 novembre, l’eurodéputée de la France Insoumise (LFI) Manon Aubry, relayant l'extrait d'une intervention sur le plateau de BFMTV où elle a affiché son soutien aux agriculteurs, évoquant un dialogue qu’elle aurait eu avec un représentant de la Commission européenne.

Depuis plusieurs jours, les agriculteurs ont repris leur mobilisation à travers la France. Dans leur ligne de mire : la possible signature d'un accord de libre échange entre l’Union Européenne (UE) et le Marché commun du Sud (Mercosur), à savoir l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie.

Alors qu'une grande partie de la classe politique française déclare soutenir la cause agricole, des membres de l’exécutif redoutent que les blocages des agriculteurs ne s'inscrivent dans la durée.

«Bloquer le pays ce n’est pas acceptable» dénonce Genevard

«La ministre de l'Agriculture dit que nous sommes des casseurs» a affirmé ce 20 novembre, aux caméras de BFMTV, un membre de la Coordination Rurale sur un barrage routier. En expliquant que ces propos, qui auraient été prononcés «ce matin» et qui lui ont été rapportés, ont «relancé [...] la hargne des manifestants».

Invitée sur le plateau d'une matinale de la télévision publique, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a estimé que «bloquer le pays ce n’est pas acceptable», tout en vantant les mesures prises par l’exécutif depuis plusieurs mois. Celle-ci a par ailleurs mis en garde les agriculteurs contre une possible «dissipation» de la sympathie des Français à leur égard «si demain, à la vielle de Noël, certains empêchent les Français de préparer les fêtes de Noël, les artisans de travailler, de faire ce qu’ils ont à faire».

Partout en France des points de blocage et des manifestations ont cours. Ainsi la frontière franco-espagnole a-t-elle été partiellement fermée par les manifestants le 20 novembre au matin et la Coordination Rurale a prévu des blocages de centrales d’achats dans plusieurs départements.

Du côté de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA), on assure également maintenir la pression. Le président de la centrale Arnaud Rousseau a ainsi déclaré : «ce qu'on a obtenu au printemps ne va pas assez loin. Il nous reste 2/3 des engagements à obtenir et on ne compte pas baisser la garde».

Le chef d’entreprise a annoncé de nouvelles actions les 26, 27 et 28 novembre alors que la Coordination Rurale semble être plus mobilisée sur le terrain et qu’elle n’hésite pas à critiquer la direction de la FNSEA qu’elle accuse de «tromper [ses] adhérents».

«Tolérance zéro» en cas de blocage «durable», assure Retailleau

Le 19 novembre, le Premier ministre Michel Barnier avait tenté de calmer le jeu en faisant valoir sa volonté de «faire une déclaration à l’Assemblée nationale suivie d’un débat et d’un vote sur ce projet d’accord».

Deux jours plus tôt, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait affirmé sur les ondes de RTL qu’en cas de «blocage durable, ce sera tolérance zéro».

Conscient de l’opposition d'une grande partie de la classe politique à ce projet d’accord de libre-échange, jusque dans les rangs macronistes, à l’image de la députée Sandrine Le Fur du parti Renaissance, le gouvernement se sait observé dans cette séquence de contestation.

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