Les cadres aussi se mobilisent contre «une réforme des retraites inutile et dangereuse»
Dans une interview accordée au quotidien La Tribune, et consacrée au projet de réforme des retraites, le président de la CFE-CGC dénonce une opération visant à «casser le modèle social français de retraites par répartition».
«Tout le monde y perdra», estime François Hommeril, président de la Confédération française de l’encadrement (CFE-CGC) dans une interview sur le projet de réforme des retraites publiée le 4 décembre par le quotidien La Tribune et accessible sur le site de la confédération.
Pour le patron du syndicat des cadres, le gouvernement a utilisé le slogan «1 euro cotisé vaut 1 euro de retraite» (plus précisément 1 euro cotisé vaut la même chose pour tout le monde) pour dissimuler qu’il s’agit avant tout de «mettre la main sur de l’argent qui n’est pas le sien». Une allusion aux réserves accumulées par les caisses des cadres qui risquent d'être utilisées pour financer la convergence entre les différents régimes de retraite, dont ceux de la fonction publique ou encore les régimes dits «spéciaux», dont le déficit est organisé depuis des années à coups de réduction d’effectifs comme à la SNCF.
Le président de la CFE-CGC redoute que le gouvernement ne fasse des cotisations sociales une annexe du budget de l’Etat pour «le traiter comme le budget de la Sécurité sociale qui est géré de manière catastrophique». En résumé, transformer des cotisations qui ouvrent des droits en un simple impôt supplémentaire que le gouvernement pourra utiliser comme il l’entend sans avoir à négocier. Sous couvert d’organiser un système plus simple et plus juste, il s’agirait simplement de «casser définitivement cette partie du modèle social français qui est la retraite par répartition».
#FranceInfo a-t-elle caché l'orientation politique d'un plombier interviewé sur les retraites ?
— RT France (@RTenfrancais) 29 novembre 2019
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«Le masque est tombé»
François Hommeril rappelle que la CFE-CGC n’était au départ pas opposée par principe à un système de retraite par points même «s’il entraînait un certain nombre de désagréments et de déséquilibres». La première phase de concertation conduite par le haut-commissaire aux retraites a permis de «poser les arguments et de discuter» mais, selon le président de la CFE-CGC, la seconde phase correspond à une concertation sans négociation.
Ces paroles contribuent à jeter un discrédit définitif contre ce type de classe politique
Pour François Hommeril, «le masque est tombé» quand le gouvernement a commencé à proposer des mesures pour équilibrer le régime d’ici 2025, c’est-à-dire avant le passage au nouveau système. Il est particulièrement remonté contre les dernières remarques (partir sur de bonnes bases et avoir un régime équilibré en 2025) de Richard Ferrand, ancien élu socialiste passé en Macronie, qu’ils juge «scandaleuses». Le président de la CFE-CGC estime qu’elles «contribuent à jeter un discrédit définitif contre ce type de classe politique». Il explique notamment que l'Etat ne prend pas ses responsabilités quand «il décide de l'exonération de cotisations et ne les compense pas».
Sur son site, la CFE-CGC appelle à manifester le 5 décembre contre «une réforme des retraites inutiles et dangereuse» car les catégories qu'elle représente seraient les plus impactées par cette réforme.