Sanctions contre Moscou : quand Le Maire voit une marge de manœuvre... mais du côté de la Russie
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est donné pour ambition de renforcer les relations économiques de la France avec la Russie tout en ne remettant pas en cause les sanctions décidées par Bruxelles. Une équation bien difficile à résoudre...
Fort du bon accueil qui lui a été réservé lors de sa visite à Moscou le 19 décembre 2017, le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a réaffirmé son souhait d'améliorer les relations économiques entre la France et la Russie. Des échanges plombés depuis la décision à partir de 2014 des Etats-Unis et de l'Union européenne d'imposer des sanctions économiques à la Russie sur fond de crise en Ukraine.
En visite à Moscou , @BrunoLeMaire dénonce les sanctions américaines 🇺🇸 contre la Russie 🇷🇺
— RT France (@RTenfrancais) 19 décembre 2017
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Dans une interview accordée au quotidien financier russe Vedomosti ce 9 janvier, Bruno Le Maire s'est ainsi livré, comme le 19 décembre dernier, à un exercice délicat : comment manœuvrer dans ce contexte de sanctions, sinon les contourner, sans pour autant remettre en cause ces mêmes sanctions ? La réponse du membre du gouvernement est en même temps simple et compliquée. «Nous sommes attachés à 100% aux décisions prises au niveau européen. Comme la France est l'un des piliers de l'Union européenne, nous n'imaginons pas même de remettre en cause [ces sanctions]. Il n'y a aucun moyen de contourner ce mécanisme politique», a estimé Bruno Le Maire, cité en russe par le journal. Et le ministre d'ajouter, dans la foulée : «Mais dans le cadre de ce mécanisme, il y a une marge de manœuvre, que nous voulons mettre à profit pour [renforcer] la coopération économique.»
La Russie en exemple de ce que pourrait faire l'UE... mais qu'elle ne peut pas faire ?
Afin de comprendre comment une telle approche pourrait se concrétiser, le journaliste demande alors au ministre français de lui donner un exemple. Ce à quoi Bruno Le Maire a répondu, évoquant plutôt Moscou que Bruxelles ou Paris : «Par le passé, la Russie a déjà supprimé certaines des restrictions sur nos produits, par exemple, l'embargo de la pomme de terre imposé en 2013, et cela a eu un effet positif.»
Selon le syndicat agricole français Coordination rurale, l'embargo russe sur la pomme de terre avait été justifié par des raisons sanitaires. Le syndicat s'inquiétait en outre de ne pouvoir écouler la production de tubercules françaises sur le seul marché européen. On notera également qu'en 2013, les affrontements dans l'Est ukrainien n'avaient pas encore éclatés.
Si l'Union européenne avait suivi les Etats-Unis dans sa politique de sanctions économiques en 2014, les nouvelles sanctions américaines unilatérales de juillet 2017 ont changé la donne. Alors que Bruxelles tirait la sonnette d'alarme, évoquant une décision non concertée, et avait même brandi la menace de représailles à l'encontre de Washington. Paris était allé jusqu'à juger les sanctions américaines contraires au droit international. Il faut dire que tandis que la Russie, bénéficiant d'une certaine façon de mesures punitives décidées par Bruxelles s'avérant paradoxalement protectionnistes pour l'agriculture russe, a depuis 2014 développé ses relations avec d'autres partenaires économiques, notamment asiatiques. Au détriment du lien historique entre la Russie et la péninsule européenne... et les agriculteurs français.
Alexandre Keller