L’AES trace les contours d’une défense aérienne commune

Réunis à Bamako du 13 au 17 avril, les chefs d’État-major des Armées de l’Air du Mali, du Burkina Faso et du Niger tiennent un premier sommet officiel de l’AES sur la coopération aérienne. Objectif: poser les bases d’une défense intégrée pour renforcer la souveraineté sécuritaire du Sahel.
Une nouvelle étape vers l’intégration militaire des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) est en cours. Pour la première fois, les chefs d’État-major des Armées de l’Air du Mali, du Burkina Faso et du Niger se réunissent à Bamako, du 13 au 17 avril, pour jeter les fondations d’une coopération aérienne renforcée. Le thème choisi — « Coopération aérienne au sein de l’AES : vers une défense intégrée et une souveraineté renforcée » — traduit l’ambition des trois capitales de bâtir un pilier aérien autonome, capable de répondre aux défis sécuritaires communs.
Cette rencontre stratégique, présidée par le général de division Oumar Diarra pour le Mali, réunit les homologues burkinabè et nigérien, respectivement le Colonel Christian Ouattara et le Colonel-major Salifou Mainassara, accompagnés de leurs délégations.
L'objectif principal de cette réunion est de coordonner les moyens existants, harmoniser les doctrines d’emploi, mutualiser les capacités de surveillance et poser les bases de futures opérations conjointes contre les groupes armés terroristes.
Coopération multidimensionnelle
Réunis à Niamey le 6 juillet 2024, les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger avaient acté la création de la confédération de l'AES, décidée le 16 septembre 2023.
Depuis cette date, les trois États sahéliens n’ont cessé de renforcer leur coopération. Ils ont signé un pacte de défense mutuelle, mené des patrouilles militaires coordonnées aux frontières, créé un drapeau, un passeport confédéral, un code de douanes et une banque régionale.
La troïka du Sahel a également mis en place des instances de concertation dans plusieurs domaines, notamment en matière de sécurité.
Un nouveau levier stratégique
Le domaine aérien représente désormais un nouveau levier stratégique. Conscients que la maîtrise du ciel est essentielle dans un théâtre d’opérations aussi vaste et instable que le Sahel, les États membres de l’AES ambitionnent de structurer une défense aérienne commune, moins dépendante des soutiens extérieurs et mieux adaptée aux réalités locales.
Cette réunion de Bamako, inédite par sa forme et son ambition, pourrait ainsi poser la première pierre d’une architecture militaire conjointe en devenir, où l’initiative régionale reprend le dessus dans un espace longtemps marqué par la tutelle sécuritaire étrangère.