Barrage de Kaddousa : un projet marocain qui ravive la discorde avec l'Algérie
La construction d’un barrage marocain sur l’oued Guir, qui prend sa source à l’extrémité orientale du Haut Atlas et se prolonge dans le sud-ouest algérien, ravive les tensions entre les deux pays qui n’ont plus de relations diplomatiques, dans un contexte de raréfaction de l’eau dans cette région aride et soumise à la sécheresse.
Depuis la mise en service en 2021 du barrage de Kaddousa dans l’est marocain, l’Algérie accuse son voisin d’assécher délibérément et systématiquement certaines régions à la frontière ouest. En effet, ce barrage est construit sur l’oued Guir, qui prend sa source au Royaume chérifien et se prolonge dans le désert algérien voisin.
Le barrage, d’une capacité de 220 millions de mètres cubes, serait la cause d’une «forte réduction» des eaux de l’oued Guir, selon le ministre algérien de l’Hydraulique, Taha Derbal. La mise en service du barrage marocain de Kaddousa aurait engendré, selon le ministre, «un assèchement prolongé» du barrage algérien de Djorf Torba, l’un des plus importants du pays, avec une capacité de 365 millions de mètres cubes.
Donner à l’affaire une portée internationale
Présent au Forum mondial de l’eau de Bali en mai 2024, le ministre algérien de l’Hydraulique a dénoncé les «pratiques des pays voisins», causant un «assèchement délibéré et systématique» de certaines zones à la frontière ouest.
Lors d’une réunion en Slovénie en octobre suivant, consacrée à la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontaliers et des eaux internationales, Taha Derbal a accusé le Maroc «d’obstruer» et «détruire les eaux de surface transfrontalières».
Le Maroc pointe du doigt une gestion désastreuse de l’eau
Face aux accusations algériennes, la réponse marocaine est venue de la presse. Plusieurs médias locaux au Maroc dénoncent une «accusation rocambolesque» et une «obsession algérienne pour son voisin de l’Ouest». Pour le média Le360, les accusations algériennes cachent une gestion désastreuse des ressources en eau en Algérie.
Du côté des autorités marocaines, aucun commentaire n’a été fait, sinon la poursuite de la construction des barrages dans le pays. Actuellement, le Maroc construit 20 nouveaux barrages, alors que le pays en compte déjà 154.