Niger : le général Tiani accuse la France de comploter contre son pays
Le chef de l’État Abdourahamane Tiani a accusé la France et le Bénin de vouloir déstabiliser le Niger, dans une interview à la télévision nationale. Il a fustigé, par la même occasion «l’embargo sauvage» de la Cédéao qui a pour objectif «d’affamer» son peuple, tout en saluant l’aide du Mali et du Burkina Faso, mais aussi du Togo.
Au Niger, le chef de l’État, Abdourahamane Tiani a accusé la France de comploter contre son pays, en provoquant «une situation de chaos», que l'on ne peut comprendre, selon ses mots, que «lorsqu’on la vit au quotidien au Niger». Le général a évoqué notamment la présence «d’agents du renseignement français» présents au Bénin mobilisés pour «déstabiliser» son pays.
Cette «situation sécuritaire est née de la volonté de certaines puissances pour continuer à nous dominer malheureusement avec la complicité de certains nigériens», a déploré le général, qui s’exprimait le 3 août au soir dans une interview à la télévision nationale à l'occasion du 64e anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Niger, qui coïncide avec la non moins symbolique Fête de l’Arbre.
Le général Tiani a dressé, au cours de cette interview, les bilans économique, social et militaire d’une année qualifiée de «très difficile», depuis l’arrivée de son gouvernement militaire au pouvoir avec le coup d'État du 26 juillet 2023. «À travers les mesures sécuritaires et socio-économiques, nous avons su rester debout, le peuple nigérien est resté debout, et le Niger est resté debout», a notamment souligné le chef de l’État, cité par l’agence de presse officielle ANP.
Ces mesures, a expliqué le dirigeant, ont permis d’assurer la permanence des ravitaillements au profit des populations, malgré les sanctions économiques infligés à son pays par la Cédéao depuis l’année dernière.
«Embargo sauvage» de la Cédéao
Le Président Tiani a salué, dans ce contexte, la résilience du peuple nigérien, pendant ces 365 jours passés sous un «embargo sauvage», «irresponsable» et «inique», d’après ses mots.
Il a remercié le Mali et le Burkina, ses alliés de la nouvelle confédération des États du Sahel (AES), mais aussi le Togo, qui ont fait «un excellent travail pour permettre à notre pays de ne pas souffrir des affres de la faim et du chaos».
Ses déclarations interviennent en effet quelques semaines après l’annonce, le 6 juillet, de la création de l'Alliance des États du Sahel (AES), composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger, fondée pour contrer l’influence de la Cédéao, une organisation que ces trois pays jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale.
Les propos du chef de l’État interviennent également dans un contexte de crise diplomatique avec le Bénin voisin, accusé à plusieurs reprises d’abriter des bases françaises voulant déstabiliser le pays, d’un côté, et fustigé pour le blocage des exportations d'hydrocarbures de l'autre.
À noter que ces tensions sont exacerbées par la multiplication des menaces sécuritaires à l’échelle nationale, où des groupes rebelles revendiquent régulièrement des attaques terroristes visant, entre autres, les installations pétrolières du pays.