Des avions russes en Tunisie ? L'inquiétude s'empare de l'Occident
L’Occident s’est récemment déclaré préoccupé de l’éventualité de la présence militaire russe en Tunisie, après la rumeur d'une rotation d’avions russes sur l'île de Djerba, qui trahirait un revirement diplomatique du pays. Le département d'État américain a demandé à Carthage des explications.
Il s’agissait du plus grand exercice annuel interarmées dans la région : la 20e édition de l'African Lion 2024 s’est tenue du 20 au 31 mai au Maroc, au Ghana, au Sénégal et en Tunisie, sous le commandement conjoint des forces armées américaines et de l’armée marocaine. Les manœuvres terrestres, maritimes et aériennes se sont succédé pour 8 100 personnes en provenance de 27 pays, dont 1 000 militaires américains et tunisiens en Tunisie. Ces derniers se sont entraînés à Bizerte, à Tunis et dans la zone d’entraînement de Ben Ghilouf au sud-est du pays.
Mais ces exercices grandeur nature, qui attestent de l'influence américaine dans la zone, semblent avoir suscité beaucoup moins d'intérêt qu'une rumeur : la presse africaine et occidentale s'est en effet inquiétée, au même moment, d'un rapprochement militaire entre la Tunisie et la Russie.
C'est le quotidien italien La Repubblica qui a fait le premier état, le 19 mai dernier, d'aéronefs «militaires russes» ayant atterri «ces derniers jours» sur l'île de Djerba, située à 130 kilomètres de la frontière libyenne, et habituellement surtout prisée par les touristes.
Des avions russes à Djerba ? La presse occidentale s'emballe
«Des avions militaires russes utilisent-ils vraiment l’aéroport de Djerba ?», relayait le 21 mai dernier Jeune Afrique. «Des avions russes en Tunisie ? Ce rapprochement avec Moscou qui inquiète les Occidentaux», publiait ensuite L'Express.
De son côté, le journal français Le Monde évoquait ce fameux sujet des avions militaires russes à l’aéroport de l’île tunisienne de Djerba dans un article intitulé «La Tunisie, cible des attentions croissantes de la Russie».
«Les rotations d’avions russes sur l’île de Djerba sont le signe parmi d’autres d’une stratégie d’"entrisme" multiforme de Moscou sur le territoire tunisien», estimait ainsi Le Monde avec sa méfiance habituelle à l'encontre de la Russie, alors que les autorités tunisiennes concernées n’avaient annoncé aucune information en ce sens et que l’ambassade de Moscou à Tripoli avait démenti.
Le département d'État américain s'en mêle
«Nous continuons d'être préoccupés par les activités de Wagner, ainsi que par celles soutenues par la Russie sur le continent africain, qui alimentent les conflits et favorisent la migration irrégulière, y compris vers la Tunisie», a déclaré un représentant du département d'État américain dans La Repubblica. La diplomatie russe a demandé «des explications» à la Tunisie.
Le média italien a ainsi soutenu que «des vols militaires russes» avaient été aperçus «atterrissant à l'aéroport de Djerba», avant de sauter à la conclusion d'une preuve «de changement de camp de la part de la Tunisie». Toujours selon La Repubblica, le président tunisien Kaïs Saïed, malgré les efforts de Giorgia Meloni, aurait décidé de s’ouvrir à la Russie ou évoqué cette hypothèse dans le but de faire pression sur l'Occident.
Dans le même contexte, le site Sahel Intelligence a évoqué le 28 mai l’octroi de bases navales tunisiennes (et algériennes) à la Russie, à Bizerte, La Goulette et Sfax. « L’emplacement du port de Bizerte et ses infrastructures militaires existantes forment un endroit idéal pour abriter une base russe», a souligné le site d’analyse. «Le port de La Goulette dans la capitale Tunis et le port de Sfax, ville portuaire de l'est du pays, sont cruciaux pour le commerce et les opérations navales. De plus, ils offrent un accès qui pourrait être développé pour des usages militaires», a relaté le même article.
Une information sortie visiblement de nulle part.