«Dangereux pour nous tous» : Snowden alerte sur le précédent que pourrait créer l'affaire Assange
Le lanceur d'alerte tire la sonnette d'alarme concernant l'affaire Assange et le précédent que celle-ci créerait si le fondateur de WikiLeaks était extradé aux Etats-Unis. Pour Snowden, cela ouvrirait la porte à tous les abus contre le journalisme.
«Ce Noël pourrait bien être le dernier que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, passera hors des geôles américaines». C'est par ces mots que le lanceur d'alerte américain, ancien agent de la National Security Agency (NSA) et de la CIA, Edward Snowden, réfugié en Russie, a démarré une nouvelle tribune qu'il a consacrée à l'affaire Assange, publiée ce 24 décembre sur sa plateforme Substack.
Comment le Royaume-Uni réagira-t-il lorsque Viktor Orban ou Recep Erdogan demandera l’extradition de reporters du Guardian ?
Déplorant la récente décision de la cour d'appel britannique annulant le refus d'extradition du journaliste fondateur de WikiLeaks vers les Etats-Unis, Edward Snowden estime dans son texte que «les accusations portées contre Assange sont à la fois sans fondement et dangereuses [...] sans fondement dans son cas personnel, et dangereuses pour nous tous».
En poursuivant Julian Assange dans le cadre de la loi Espionage Act, le gouvernement américain «prétend étendre sa souveraineté à la scène mondiale et soumettre les éditeurs étrangers aux lois américaines sur le secret», analyse le lanceur d'alerte. Ce faisant, le gouvernement américain créera, selon lui, «un précédent lui permettant de poursuivre toutes les organisations de presse du monde entier ainsi que tous les journalistes de tous les pays».
Devant ce précédent, Edward Snowden se demande ce que sera la réaction des Etats-Unis «lorsque la République d’Iran demandera l’extradition de journalistes du New York Times pour avoir violé les lois iraniennes sur le secret». «Comment le Royaume-Uni réagira-t-il lorsque Viktor Orban ou Recep Erdogan demandera l’extradition de reporters du Guardian ?» interroge-t-il. «Le problème n’est pas que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni se plieraient un jour à ces demandes – bien sûr qu’ils ne le feraient pas – mais ils ne disposeraient d’aucune base de principe pour leurs refus», analyse le lanceur d'alerte.
Le 10 décembre, la Haute Cour de Londres a rendu sa décision concernant l'appel formulé par Washington contre le refus d'extradition de Julian Assange. Face à l'annulation de ce refus, les avocats du journaliste ont annoncé avoir formulé un recours devant la Cour suprême du Royaume-Uni le 23 décembre. Celle-ci devrait rendre sa réponse d'ici la fin janvier 2022. Julian Assange est poursuivi par les Etats-Unis pour avoir publié, à partir de 2010, des centaines de milliers documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan, dont un certain nombre s'apparentent à des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. S'il est extradé aux Etats-Unis, ce journaliste multi-primé risque une condamnation à 175 ans de prison.