Allemagne : au cœur d'un scandale, un bureau d'étude des demandes d'asile sanctionné
Après avoir accordé sans vérification le droit d’asile à 1 200 personnes, l’Office des migrations de Brême se retrouve au cœur d'une polémique. Les premières sanctions tombent, mais le flou demeure quant aux responsables de ce dysfonctionnement.
Les autorités allemandes ont annoncé ce 23 mai que la branche régionale de l'Office fédéral de la migration (BAMF) de Brême ne statuerait plus sur les demandes d’asile. Et pour cause, elle est accusée d'avoir répondu favorablement à plus de 1 200 demandes d'asile politique entre 2013 et 2016 sans procéder aux vérifications nécessaires selon le site de la radio internationale allemande, Deutsche Welle.
D'après la même source, les procureurs de Brême enquêteraient actuellement sur des éventuels pots-de-vins perçus par les employés.
«La confiance dans la qualité des procédures d'asile et [dans] l'intégrité du centre d'arrivée [pour les réfugiés] de Brême a été grandement altérée», a déploré dans un communiqué publié le 23 mai, le ministre fédéral allemand de l’Intérieur, Horst Seehofer. Il a par ailleurs précisé que l'ensemble des décisions prises par les employés impliqués seraient examinées.
En première ligne de ce scandale, le rôle de la directrice du BAMF Jutta Cordt soulève des interrogations. Selon plusieurs médias allemands, une enquête préliminaire devrait être ouverte à son encontre pour complicité à l'immigration illégale.
Un scandale révélé tardivement ?
En affirmant qu'il prendrait les mesures nécessaires quant à la réorganisation du BAMF, Horst Seehofer envoie un signal de fermeté sur la question migratoire, à quelques mois d'élections régionales.
Pourtant, le témoignage de Josefa Schmid, nommée en décembre directrice intérimaire de l'antenne de Brême, pourrait porter préjudice au ministre de l'Intérieur. Comme le rapportent plusieurs sites d'informations allemands, cette dernière affirme en effet avoir alerté par SMS, dès fin février, Horst Seehofer au sujet de graves dysfonctionnements.
Le ministère allemand aurait-il sciemment ignoré ce message alarmiste ? L'enquête devra notamment le déterminer.
En 2015 et 2016, Angela Merkel a ouvert les portes de l'Allemagne à plus d'un million de réfugiés. Une partie des Allemands avait manifesté son désaveu vis-à-vis de la chancelière et du Parti chrétien-démocrate lors des élections fédérales de septembre 2017, un scrutin par ailleurs marqué par une percée historique du parti AfD, radicalement opposé à l'immigration, qui reste une thématique sensible dans le pays.