L'auteur de l'attaque au camion-bélier de Stockholm voulait «écraser des infidèles»
- Avec AFP
Une enquête de 9 000 pages sur l'homme qui avait lancé un fourgon dans la foule à Stockholm, tuant cinq personnes, révèle qu'il avait l'intention d'«écraser des infidèles» et que son embrigadement djihadiste remontait à plusieurs mois.
Le demandeur d'asile ouzbek qui a revendiqué l'attentat au camion-bélier ayant fait cinq morts en avril 2017 à Stockholm et qui a prêté allégeance à Daesh, préparait son geste depuis des mois et voulait «écraser des infidèles», selon l'acte d'accusation présenté le 30 janvier par la justice suédoise.
Rakhmat Akilov, qui avait été débouté de sa demande d'asile, avait lancé un camion de livraison sur la foule qui déambulait dans une rue piétonne et commerçante très fréquentée de la capitale suédoise, à une heure de forte affluence, le 7 avril 2017. Trois Suédoises, dont une fillette de 11 ans, ainsi qu'un Britannique de 41 ans et une Belge de 31 ans avaient été tués, dix autres passants blessés.
Toujours selon ce même document, Rakhmat Akilov, 39 ans, a commis ce geste avec l'intention de «répandre la peur dans la population» et de «contraindre la Suède à mettre fin à ses activités de formation au sein de la coalition internationale contre l'Etat islamique en Irak».
«Son mobile a été de punir la Suède pour sa participation à la guerre contre l'EI», a expliqué le procureur, Hans Ihrman, au cours d'une conférence de presse.
L'enquête, qui fait près de 9 000 pages, a révélé l'existence de discussions remontant au moins à janvier 2017 sur des messageries dans lesquelles l'accusé déclare à divers interlocuteurs, non identifiés, vouloir «écraser des infidèles». Rakhmat Akilov a fait de multiples recherches sur internet et YouTube à propos des groupes djihadistes, des serments d'allégeance à Daesh et de la fabrication d'explosifs.
«Il ne s'est pas radicalisé juste avant l'attentat», selon Hans Ihrman qui a précisé vouloir réserver de plus amples informations sur ce point pour le procès qui doit s'ouvrir en février, probablement le 13, à Stockholm.
Dans une vidéo Rakhmat Akilov avait prêté allégeance à Daesh la veille de son méfait mais le groupe n'a jamais revendiqué l'attentat. D'après son avocat, un ténor du bureau stockholmois, Rakhmat Akilov entend s'expliquer au cours de son procès. «Il reconnaît avoir commis un acte terroriste» et «admet qu'il doit être condamné» et expulsé du territoire suédois au terme de sa peine, d'après des déclarations de Johan Eriksson à la presse. Interrogé sur ses motivations, le conseil de l'accusé a confirmé qu'il espérait «obliger la Suède à se retirer de la coalition contre l'EI».
Le terroriste encourt une peine de prison à perpétuité
Le camion utilisé pour l'attaque avait fini sa course dans la vitrine d'un grand magasin après avoir fauché une vingtaine de personnes. Rakhmat Akilov avait fait détoner une charge explosive composée de cinq bouteilles de gaz et de clous dans la cabine du véhicule. Il avait pensé mourir dans la déflagration, mais le dispositif a pris feu au lieu d'exploser, ne provoquant que des dégâts matériels. «Il pensait être abattu ou mourir dans l'explosion», a confirmé son défenseur. Rakhmat Akilov s'est ensuite engouffré dans une station de métro pour être arrêté quelques heures plus tard au nord de Stockholm. Il encourt une peine de prison à perpétuité.
L'attentat au véhicule-bélier renvoie à un mode opératoire déjà utilisé lors d'attentats imputés ou revendiqués par Daesh ces dernières années. Le plus meurtrier s'est produit le 14 juillet 2016 à Nice (sud de la France). Un camion, conduit par un Tunisien, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, s'était lancé sur la foule le soir de la fête nationale, tuant 86 personnes et faisant plus de 400 blessés. L'attentat dans cette ville de la Côte d'Azur a été revendiqué par Daesh, contrairement à celui de Stockholm.
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