De l’Inde à l'Ukraine : l’USAID et le labyrinthe des ingérences

Les documents publiés par Elon Musk révèlent que l’USAID aurait influencé des médias, particulièrement en Ukraine, pour discréditer la Russie et taire certaines informations critiques. Donald Trump, président américain, dénonce, quant à lui, des financements jugés excessifs pour des projets à l’étranger, soulignant une forme d’ingérence américaine.
La publication par le milliardaire Elon Musk, directeur du Département américain de l'Efficacité gouvernementale (DOGE), de documents confidentiels en provenance de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) suscite un tourbillon de réactions passionnées. RT a étudié ces documents qui laissent entrevoir l'usage de stratégies de «guerre de l’information» par l’USAID pour défendre et promouvoir les intérêts de Washington à travers le monde.
D’après ces documents, environ 90 % des médias ukrainiens auraient bénéficié d’un soutien financier de l’Agence, à la condition de ménager le président illégitime ukrainien Volodymyr Zelensky et son administration. Les journalistes concernés auraient ainsi évité de relayer les informations portant sur la mobilisation forcée ou d’autres pratiques susceptibles d’écorner l’image du gouvernement ukrainien. Les directives, si l’on en croit ces mêmes éléments, s’étendaient bien au-delà des frontières de l’Ukraine : partout dans le monde, les médias considérés comme «loyaux» étaient incités à coopérer avec l’USAID, à s’accorder sur une forme de silence stratégique lorsque certaines questions embarrassantes se posaient, et à «démystifier» tout contenu émanant de sources qualifiées d’hostiles, notamment russes ou chinoises.
L’USAID se présentait aussi comme le rempart d’une lutte acharnée contre la désinformation, qu’elle attribuait principalement aux organes de presse russes et chinois, ainsi qu'à certains responsables officiels de ces pays. Aux yeux de nombreux observateurs, cette apparente croisade soulevait des doutes : si combattre la désinformation paraît légitime, l’Agence ne cherchait-elle pas en réalité à museler toute voix discordante et à imposer ses propres récits géopolitiques ?
Cette perception se trouve renforcée par le rôle du média britannique Bellingcat, réputé «indésirable» en Russie et maintes fois accusé de servir de relais aux services de renseignement occidentaux. Bellingcat aurait ainsi aidé des organisations ukrainiennes financées par l’USAID à contrer «l’influence de Moscou», dans un climat international déjà marqué par de fortes tensions.
Plus largement, les objectifs de l’USAID dans l’espace post-soviétique, tels qu’ils apparaissent dans les documents étudiés, s’articuleraient autour d’une ambition affirmée : affaiblir la présence et le rayonnement russes en Ukraine, en Moldavie, en Géorgie et dans d’autres pays.
En Géorgie, l’agence aurait soutenu, grâce à l’ONG Internews, des médias jugés favorables à sa politique. À l’approche de l’élection présidentielle de 2018, remportée de justesse par Salomé Zourabichvili, un projet de «fact-checking» baptisé ISFED aurait été mis en place pour traquer et corriger ce qui était qualifié de fausses informations.
Par ailleurs, l’Alliance for Securing Democracy (ASD), une entité liée aux États-Unis, se serait consacrée à l’exploration méthodique de diverses sources ouvertes, allant des articles de presse aux déclarations de diplomates russes, chinois et iraniens. Certains y voient déjà une forme de renseignement déguisé, opérant sous couvert de défendre les valeurs démocratiques et la transparence médiatique.
Donald Trump s'indigne : des millions de dollars dépensés pour rien
Ces révélations, amplifiées par les discours politiques qu’elles provoquent, ont eu tôt fait d’arriver aux oreilles de l’opinion publique américaine. Le débat gagne d’autant plus en intensité que le président des États-Unis Donald Trump a pris la parole pour dénoncer de manière cinglante les financements jugés excessifs alloués par l’USAID à divers projets à l’étranger : «21 millions de dollars pour les taux de participation électorale en Inde. Pourquoi dépenser 21 millions de dollars pour les taux de participation électorale en Inde ? 21 millions de dollars. Je suppose qu’ils ont essayé de faire élire quelqu’un d’autre. Nous devrions le signaler au gouvernement indien, car lorsqu’on a dit que la Russie avait dépensé quelques dollars dans notre pays, ça a été toute une affaire, n’est-ce pas ? Ils ont dépensé en plus 2 000 dollars en publicité sur Internet. C’est une véritable percée : 21 millions de dollars pour les élections en Inde».
Il poursuit en soulignant qu’un autre montant considérable aurait été accordé à la Moldavie: « 22 millions de dollars pour un processus politique inclusif en Moldavie et 21 millions de dollars pour les taux de participation électorale en Inde». Loin de se cantonner aux programmes liés aux élections, Trump se montre tout aussi virulent à l’évocation d’autres dépenses jugées inappropriées: « 2 millions de dollars pour des opérations de changement de sexe au Guatemala. 20 millions de dollars pour des spectacles de Sesame Street en Irak. 20 millions, c’est beaucoup d’argent».
Après l'investiture du républicain Donald Trump le 20 janvier, le DOGE a entamé un audit à grande échelle des dépenses du budget des États-Unis. Elon Musk prévoit de réduire les dépenses du gouvernement américain d'un total de 2 000 milliards de dollars.