Le FMI va reprendre ses consultations en Russie, plusieurs chancelleries européennes fulminent
Le Fonds monétaire international a confirmé qu’il tiendrait des consultations avec les autorités russes à compter du 16 septembre. Une première depuis le déclenchement du conflit en Ukraine début 2022. Neuf états membres de l’Union européenne ont fustigé cette décision, exhortant la directrice du FMI à «ne pas reprendre le dialogue» avec la Russie.
«Quelles recommandations le FMI souhaite-t-il donner à la Russie à l'issue de la consultation ? Comment mieux gérer une économie de guerre ?» Telles sont les déclarations d’un haut fonctionnaire européen, anonyme, cité par Reuters.
L’agence de presse britannique a révélé ce 13 septembre que plusieurs chancelleries occidentales avaient adressé un courrier à la directrice générale du FMI, la Bulgare Kristalina Georgieva, ex-vice-présidente de la Commission Juncker, afin de lui exprimer leur «profond mécontentement à l’égard des projets du FMI».
En cause, la reprise annoncée au début du mois des consultations du FMI avec les autorités russes, au titre de la procédure dite de consultations (article IV). Des consultations qui constituent un élément clé des activités de surveillance de l’organisation internationale.
Les consultations débuteront le 16 septembre
«Le FMI et tous nos pays membres ont l’obligation mutuelle de mener des consultations au titre de l’article 4. C’est en fait dans nos Articles d’accord», avait souligné le 12 septembre, lors d’un point presse, la directrice de la communication du Fonds monétaire international (FMI) Julie Kozak.
«Maintenant que la situation économique s'est stabilisée, les consultations reprennent», avait-elle également déclaré, répondant à une question de l’agence RIA Novosti. «Il y aura des discussions virtuelles à partir du 16 septembre et ensuite l'équipe se rendra dans le pays pour des réunions en personne», avait-t-elle encore précisé.
Une date qu’avait déjà annoncé à Reuters, le 3 septembre, le directeur exécutif du FMI pour la Russie, Alexeï Mojine, précisant que ces réunions avec des responsables russes dureraient jusqu'au 1er octobre.
Des «projets» auxquels les ministres des Finances de neufs pays européens ont appelé la directrice du FMI à renoncer. «Nous exhortons toutes les institutions financières internationales, y compris le FMI et sa direction, à continuer de s'abstenir d'activités impliquant l'État agresseur et à ne pas reprendre le dialogue tant que la Russie poursuivra sa guerre d'agression contre l'Ukraine» stipule la lettre adressée à Kristalina Georgieva, dévoilée ce 13 septembre par Reuters.
Toujours selon Reuters, les cosignataires de ce courrier, à savoir les ministres des Finances de la Lituanie, de la Lettonie, de l’Estonie, de la Finlande, de la Suède, de l’Islande, du Danemark, et enfin de la Norvège et de la Pologne menacent le FMI de privilégier d’autres organisations internationales pour leurs aides. Le haut fonctionnaire évoque ainsi auprès de l’agence la Banque centrale européenne et la Banque mondiale, cette dernière ayant d’ailleurs été dirigée par Kristalina Georgieva (2017-2019).
Une croissance russe insolente
Ceux-ci estiment que de tels travaux avec la Russie pourraient nuire à la réputation du FMI et que «toutes les données que la Russie fournirait au FMI seraient censurées pour montrer que l'économie du pays se porte bien et résiste aux sanctions occidentales, ce qui rendrait l'évaluation du FMI inexacte», relate encore Reuters.
Depuis l’éclatement du conflit en Ukraine et les sanctions prises par les chancelleries occidentales contre la Russie, plusieurs instances internationales, dont le FMI, ont revu à la hausse leurs prévisions de croissance du pays, contredisant les détracteurs de Moscou qui promettaient un effondrement de l’économie russe. Fin août, Vladimir Poutine avait déclaré que le PIB russe avait progressé de 4,6% au cours du premier semestre de l'année.
La dernière mission annuelle du FMI s'est rendue en Russie en novembre 2019, avant le début de la pandémie de Covid-19. Dans la foulée du déclenchement de l’intervention russe en Ukraine, plusieurs pays occidentaux avaient envisagé d’expulser la Russie du FMI. Sans succès, à rappelé Reuters, notamment en raison de l’opposition d’autres nations telles que la Chine et de l’Inde qui font figure de poids lourds au sein de cette organisation siégeant à Washington.