Angela Merkel : Kiev ne peut pas décider seul d'entamer les négociations avec la Russie
Angela Merkel a affirmé que l’Ukraine ne devait pas décider seule d'entamer des négociations avec la Russie pour résoudre la crise ukrainienne. Selon elle, c’est un choix qui devrait impliquer d'autres pays soutenant Kiev.
L'Ukraine lui-même ne peut pas prendre seule la décision d'entamer des négociations avec la Russie sur une solution diplomatique à la crise ukrainienne, a déclaré l'ancienne chancelière Angela Merkel, qui a dirigé l'Allemagne pendant 16 ans (de 2005 à 2021), dans une interview accordée au journal italien Corriere della Sera.
«Pour ce qui est des négociations, il va sans dire que rien ne doit être fait sans l’Ukraine. En même temps, je pense que les nombreux pays qui soutiennent l’Ukraine doivent décider avec elle lorsqu’il est possible de discuter avec la Russie d’une solution diplomatique. Kiev ne peut être le seul à décider. Comme je ne participe plus à la vie politique, je ne suis pas en mesure de dire quand cela se produira», a-t-elle précisé.
Les autorités des États-Unis et d'autres pays occidentaux ont souligné, depuis le début du conflit en Ukraine, que c'est à Kiev seul de décider du moment de passer à la diplomatie. Cette déclaration d’Angela Merkel pourrait donc constituer un tournant dans la résolution de la crise ukrainienne.
Les autorités russes se sont déclarées prêtes à entamer des négociations, mais seulement aux conditions suivantes : le retrait des troupes ukrainiennes des régions russes (les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, ainsi que les régions de Kherson et Zaporojié), le renoncement de Kiev à ses revendications sur ces régions et sur la Crimée, la levée des sanctions internationales et le refus de l'Ukraine d'intégrer l'OTAN.
Mensonges des dirigeants occidentaux dans le cadre de la résolution de la crise ukrainienne
Dans une interview accordée au quotidien allemand Die Zeit le 7 décembre 2022, l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel avait affirmé que les accords de Minsk, auxquelles elle avait participé du côté allemand, avaient été «une tentative de donner du temps à l'Ukraine» de se renforcer militairement en vue d'une confrontation future avec Moscou, alors que ces accords avaient été conclus avec pour objectif officiel de rétablir la paix entre Kiev et les deux Républiques du Donbass.
Cet aveu a suscité une vive réaction du président russe Vladimir Poutine, alors que Moscou a, à de multiples reprises, déploré la non-application de ces accords censés entériner la fin des hostilités entre les forces ukrainiennes et les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, qui avaient fait sécession après le coup d'État de 2014 en Ukraine. «Il s'avère que personne n'allait mettre en œuvre tous ces accords de Minsk», a ainsi déploré le chef d'État russe en conférence de presse le 9 décembre 2022. «J'espérais encore que les autres parties prenantes à ce processus étaient sincères avec nous. Il s'avère qu'ils nous trompaient aussi. Il s'agissait uniquement de renforcer l'Ukraine avec des armes, en la préparant aux hostilités», a-t-il ajouté.
L'ancien président français François Hollande, directement impliqué dans la procédure de règlement du conflit dans le Donbass et dans les accords de Minsk du côté français, dans un entretien accordé au quotidien ukrainien Kyiv Independent le 28 décembre 2022, a confirmé que les accords de Minsk avaient amené la Russie sur le terrain diplomatique, laissant à l'armée de Kiev le temps de se renforcer. Un aveu contredisant les déclarations pacifiques d'alors. «Depuis 2014, l'Ukraine a renforcé ses capacités militaires. En effet, l'armée ukrainienne est complètement différente de celle de 2014. Elle est mieux entraînée et mieux équipée. C'est le mérite des accords de Minsk d'avoir donné à l'armée ukrainienne cette opportunité», a-t-il confié.
Signés le 12 février 2015, les accords de Minsk II mettaient en place un nouveau cessez-le-feu suite à l'échec des accords de Minsk I du 5 septembre 2014. Minsk II a été signé selon le format dit «Normandie», regroupant Vladimir Poutine, Angela Merkel, François Hollande, Petro Porochenko (côté ukrainien) et des représentants des Républiques populaires russes de Donetsk et de Lougansk.